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Vendredi, 24 Février 2012
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Modernité : progrès et régressions
Claude Bourrinet
Politique
Modernité : progrès et régressions
Ceux qui essaient de survoler l’écume de l’actualité n’ont pas besoin de s’incarner dans de modernes Tirésias ou Cassandre pour voir ce que l’époque trame à moyen terme. Les élections sont un peu comme des remugles de magma dans un cratère de volcan : il laisse échapper des vapeurs délétères, qui risquent d’intoxiquer l’intelligence des choses. Toute promesse, toute invention, tout mensonge est un nuage de vapeur empoisonnée, qui possède la vertu, pour les princes qui nous gouvernent, de voiler l’horizon. Cette cuisine peu ragoutante mijote quelques mois, puis, la lave refroidie et durcie, vient vite la saison des craquelures, des crevures et des ordures.

L’Histoire s’apparente à un mouvement dont la géométrie mouvante ressemble à un déplacement hélicoïdal. La spirale s’enroule autour d’un axe orienteur, ce que saint Just appelait la « force des choses », et parfois semble rejoindre un point antérieur, mais à un niveau différent. Or, sans projeter l’analyse jusqu’aux fondements de la modernité, mais plutôt en mettant à la question le mythe du progrès tel qu’il a été conçu à partir du XVIIIe siècle, il est possible d’établir, certes sommairement, un bilan.

Le Siècle des Lumières était une période optimiste, brillante, enthousiaste. La plupart des classes supérieures, de la bourgeoisie à la noblesse, partageaient, à la veille de la Révolution, les principes des philosophes. Un Louis XVI, par exemple, abolit la torture en 1780 et rendit aux protestants une existence légale en 1787. Du reste, cette époque, qui vit une augmentation considérable de la population (22 millions d’habitants en 1700, 29 en 1790) et la fin des famines et des épidémies de peste, ne connut vraiment la censure que par l’éclat que donnèrent les entrepreneurs d’idées autour de certaines affaires, qui, du reste, n’étaient parfois pas très claires, comme celle de L’Emile, dont l’auteur, Rousseau, était loin d’être en odeur de sainteté auprès de ses camarades de plume. Quoi qu’il en soit, la police de la pensée n’était pas des plus impitoyables, et Malesherbes, l’un des chefs censeurs, était un partisan des idées nouvelles. Marie Antoinette ne défendit-elle pas Voltaire en 1777, et le Tout Paris ne lui réserva-t-il pas un triomphe jamais égalé ? Les classes privilégiées d’alors font penser à ces bobos actuels, affriolés par les idées modernes, dont les cous semblent se tendre volontairement vers la froide caresse de la guillotine.

Car, il faut bien le dire, et malgré les pétitions de principe, la Révolution fut une singulière régression humaine. Bien sûr, il y a la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen. Mais il semblait qu’on eût plus de préoccupation pour l’humanité que pour les hommes singuliers. On exécuta plus en un an, en 1793, que durant tout un siècle de monarchie. On sait aussi que les droits de la femme furent quasi inexistants, contrairement à ce que l’état des mœurs de l’Ancien régime offrait de libertés et de tolérances, et une Olympe de Gouges en subit la sentence. De même, la loi Le Chapelier, sous couvert de lutter contre le régime des corporations, s’en prit aux associations de travailleurs. Le terrain était préparé pour une ascension sans obstacles d’une bourgeoisie débarrassée des coutumes et protections d’un Ancien Régime dont la loi du profit n’était pas la préoccupation majeure (l’Ordre était son principe). Ajoutons la conscription. La citoyenneté exige en effet que le peuple souverain défende ses droits les armes à la main. La guerre, qui était auparavant affaire de spécialistes, de professionnels, devint celle de tous, avec toutes les conséquences terribles d’une telle logique. L’Europe, fascinée et terrifiée par les armées fanatiques de citoyens devait, à la longue, emboiter le pas à la France. La guerre d’extermination, les dizaines de millions de morts des conflits du XXe siècle, étaient contenus dans la notion de guerre républicaine.

Paradoxalement, et indépendamment de l’avènement d’une Restauration qui ne fut qu’une parenthèse, la période post révolutionnaire se présenta comme une catastrophe pour les classes populaires. La bourgeoisie et la paysannerie aisée rachetèrent les biens nationaux, larcin dont Napoléon et Louis XVIII garantirent la pérennité, et la banque triompha avec Louis-Philippe. Les révolutions furent des jeux de dupe. De nombreux paysans pauvres se muèrent en prolétaires misérables, employés par intermittence, à la vie abrégée par des conditions de vie épouvantables. Ce tableau des « classes dangereuse » fut une image d’Epinal de nos classes républicaines, qui tendaient à prouver les bienfaits du progrès contemporain. On ne songeait pas qu’un tel état de décadence n’avait été rendu possible que par la « modernisation » de la société. Les socialismes dits « utopiques » ne furent que des rêves, songes fracassés, en 1848, puis, surtout, en 1871, par la clarté flamboyante de la révolte populaire. La Commune, soigneusement occultée par l’histoire scolaire, fut la tache honteuse qui marqua l’origine de la république moderne.

Mémoire ancestrale d’une antique démocratie populaire, ou annonce des temps nouveaux, la Commune de Paris fut en quelque sorte un accident. La ligne s’incurva, et l’avènement d’une société de consommation fondée sur la production de masse et la publicité donnera l’impression d’un progrès irréversible. Le mythe contemporain repose sur les indéniables conquêtes de la science et de la technique. La durée de vie s’est considérablement allongée dans les pays développés, et la population a eu accès à un tas de facilités matérielles. Que cette amélioration matérielle se soit déroulée au prix d’une exploitation cynique du reste du monde, qui chuta socialement à maints endroits comme le fit l’Europe au XIXe siècle, entraînant misère et mortalité, déstabilisation économique et sociétale, et au détriment d’une authenticité humaine et relationnelle dont on ne saisit que maintenant l’importance, cela n’apparut que quand le désastre fut consommé. En attendant, la période de progrès, qui s’était ouvert à la fin du siècle positiviste, du siècle de Jules Verne et de Victor Hugo, se refermait au terme des Trente Glorieuses.
Les années 70 du XXe siècle amorcent un virage de la ligne historique, qui se remet à descendre. Dorénavant, et malgré des révolutions technologiques dans les transports et la communication, et peut-être même à cause de cela, une société radicalement inégalitaire se met en place, et d’autant plus hiérarchisée, contrairement à la tendance des cent années précédentes, qu’un discours déclamatoire prône la démocratisation universelle. Nous savons très bien que cette prétendue égalisation des conditions n’est qu’un leurre idéologique qui voile la société de masse et une nouvelle exploitation fondée sur le consentement à l’esclavage. Les bouleversements accomplis dans le mode de gestion flexible et individualisé des entreprises, la prise de pouvoir par les marchés financiers, et la déstructuration sociale engendrée par un libertarisme dissolu et dissolvant, ont détruit dans les classes populaires tous les repères de résistance et de lutte. La perte de l’espace politique, autrefois circonscrit à la nation, et la mise en place d’un empire atlantiste qui, outre l’abandon de la souveraineté du peuple et de la possibilité d’une démocratie véritable, institutionnalise une société inégalitaire et policière, achèvent la mise en servage de l’ensemble de la société. Ajoutons la pesanteur d’une propagande et le quadrillage d’une surveillance et d’un contrôle permanents, qui n’eurent jamais, dans l’Histoire, de moyens aussi performants, et nous avons toutes les raisons d’être pessimistes. A cette aune, le jeu électoral paraît bien dérisoire. La seule recommandation qui pourrait être donnée aux jeunes gens serait de se munir, d’une main, de la bêche, pour pouvoir manger, et de l’autre d’un fusil, pour défendre, tant que faire se peut, le peu de dignité qui leur reste.
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