Le congrès du Front national vu par David Rachline
Conseiller municipal de Fréjus et conseiller régional de Provence-Alpes-Côte d’Azur, David Rachline est, à vingt-trois ans, un des jeunes espoirs du Front national. Coordinateur national du Front national de la jeunesse de juillet 2009 à janvier 2011, il a été nommé secrétaire national à la communication numérique du FN au lendemain du congrès de Tours.
Christian Bouchet : David Rachline, des « bruits récurrents » laisseraient croire que vous avez été mis sur la touche lors du dernier congrès du FN afin de donner un gage aux partisans de Bruno Gollnisch. Qu'en est-il réellement ?
David Rachline : Tout d’abord, je dois vous dire que je suis particulièrement heureux d’avoir été choisi par les adhérents du mouvement de Jean-Marie Le Pen, membre de sa principale instance dirigeante élue, à savoir le comité central. Je dois dire que mes amis et moi-même en doutions un petit peu au vu de la cabale formidable qu’une partie des soutiens de Bruno Gollnisch ont mené contre moi pendant toute la campagne de préparation de ce congrès. Diffamations, insultes, coups bas, rien ne m’a été épargné pendant celle-ci. Cela pour des raisons que j’ignore encore…
Incontestablement, de nombreux jeunes soutiens de Bruno Gollnisch sont des camarades avec qui nous menons et mènerons des combats communs au sein d’un Front national uni aux côtés de Marine. La fracture qui peut exister n’est pas entre les soutiens de tel ou tel mais elle se situe plutôt entre nous même et ceux qui incarne une réaction dépassée et qui seront toujours à la remorque du système dans la mesure où ils sont une caricature de ce que nous sommes, et au-delà de nous, de ce que sont nos électeurs et nos futurs électeurs ; leurs positions à bien des égards le démontrent assez facilement.
Jean-Marie Le Pen n’a jamais manqué de souligner, dès qu’il le pouvait, l’ampleur de la tache que mon équipe et moi même menions au Front national de la jeunesse et les bons résultats qui étaient les nôtres avec des moyens tout à fait dérisoires.
Le fait que je quitte la coordination nationale du FNJ ne veut nullement dire que je serais mis sur la touche. Tout au contraire, puisque je vais diriger, avec Julien Sanchez, le plus important service du mouvement, celui de la communication numérique, dont le rôle sera capital dans les prochaines campagnes. Vous savez, en effet, combien internet et les réseaux sociaux sont devenus fondamentaux tant par la création de la perception qu’ont les électeurs d’un mouvement politique et de son candidat que par la capacité qu’ils ont a diffuser une information à des centaines de milliers de personnes en temps réel.
Bref c’est une tache immense qui m’attend, et je suis très fier de la confiance qui m’est accordée par Marine pour remplir cette mission.
Vous ne serez donc plus le Coordinateur national du FNJ. Qui va s'occuper de celui-ci ?
C’est Nathalie Pigeot qui a été nommé par Marine pour diriger le mouvement de jeunesse du Front. J’ai toute confiance en elle pour assumer cette fonction importante.
Elle a le contact facile avec nos militants, une légitimité par la durée et la qualité de son engagement et une volonté de faire considérable.
Après sa rénovation en 2009 – 2010, le FNJ est aujourd’hui en phase avec les aspirations des jeunes nationaux français et va pouvoir accueillir en son sein ces centaines de milliers de jeunes que Marine séduit à chacune de ses interventions publiques, par sa clairvoyance et sa faculté à convaincre. Le mouvement de jeunesse du FN est une structure capitale pour les échéances à venir, dont va dépendre l’engagement de la jeunesse française dans nos rangs.
Le FNJ doit poursuivre sa mutation pour être parfaitement en phase avec le programme et les électeurs du Front, c’est à cette seule condition que la jeunesse sera derrière nous.
Notre mouvement de jeunesse est d’ors et déjà concentré sur les échéances électorales des cantonales durant lesquelles nombre de jeunes militants issus de nos rangs feront leurs premiers pas sur le terrain politique. L’implication dans le futur calendrier électoral n’empêchera pas le FNJ d’approfondir le travail de formation indispensable pour préparer l’émergence d’un véritable pôle jeune au service des Français.
Le discours prononcé par Marine Le Pen à Tours avait une forte connotation républicaine et démocratique. Or, quelques temps auparavant, le FNJ avait insisté, dans une mise au point, sur le caractère républicain et démocrate de son combat. Doit-on en tirer la conclusion que le FNJ a servi de laboratoire pour élaborer des thèmes nouveaux ? Est-ce que cette fonction va continuer en votre absence ?
Il est probable que le Front national de la jeunesse a été à l’avant-garde de la mise en adéquation de la manière de défendre nos idées et de l’attente de nos électeurs. Nous avons réalisé plusieurs campagnes chocs pour ouvrir le FNJ à des jeunes venus de tous les horizons. Gaullistes, patriotes de gauche à forte sensibilité sociale, etc., nous avons fait le maximum d’efforts possible pour nous adresser à l’ensemble des jeunes susceptibles de nous rejoindre et nous ne nous sommes pas contenté de « l’entre nous », ce qui a pu d’ailleurs parfois choquer certains, plus enclins à « l’entre soi » qu’à la conquête du peuple dans sa diversité.
Depuis 2006, une large partie de mon action a été consacrée à montrer les jeunes de notre mouvement tels qu’ils sont réellement et non pas tels que le système voulait qu’ils soient. Cette diabolisation injuste avait parfois ghettoisé notre mouvement, mais ce temps est révolu. Loin des caricatures, loin des provocations inutiles, notre jeunesse doit incarner radicalement la révolte de notre temps.
Notre véritable différence, une différence saine puisqu’elle nous rend parfaitement original dans le paysage politique des mouvements de jeunesse français, en plus d’être utile pour notre mouvement et nos concitoyens, c’est d’être les premiers à pouvoir proposer les thèmes de combat à notre mouvement, comme nous l’avons fait concernant la mondialisation libérale et ses affidés. Tout simplement parce que ces thèmes, nous les connaissons, ces combats, nous les menons, premiers concernés que nous sommes, nous, les jeunes.
Comment avez-vous vécu le congrès de Tours ?
Pour moi, ce congrès a été une réussite sur toute la ligne. La qualité des intervenants ainsi que celle du public présent a été remarquable.
Le choix des adhérents quant à la présidence a été franc et massif. Ce qui était nécessaire.
Au delà du choix politique qu’ont fait les adhérents du FN de ne pas prendre à rebrousse poil les électeurs potentiels du front et de choisir Marine comme candidate et Présidente du mouvement, nous avons vécu un moment particulièrement émouvant : Jean-Marie Le Pen a passé la main. Cet évènement ne pouvait pas laisser indifférent le militant, d’abord et avant tout, lepéniste, que je suis.
Et Marine Le Pen ? Qu’en pensez-vous ?
Marine, elle est époustouflante !
L’enthousiasme qui est le sien à la veille de toutes ces échéances électorales est tout simplement envoûtant. Les français ne s’y trompent d’ailleurs pas. Les thématiques économiques et sociales sont abordées par elle avec une clarté et un sérieux qui devraient révolutionner la vie politique de ce pays.