La cour européenne des droits inutiles
« Ils se tombent dans les bras, se félicitent. “Enfin”, dit l’un, “formidable, hein ?” s’exclame une autre. Un troisième : “Dix ans, quand même.” Hier, à Strasbourg, la Cour européenne des droits de l’homme a condamné la France pour avoir refusé d’accorder un agrément en vue d’adoption à Emmanuelle B., une candidate homosexuelle » peut-on lire dans le quotidien Libération.
Que la condamnation de la France, quel qu’en soit le motif, soit sujet d’une telle allégresse reste douteux, surtout lorsque dans le même temps Lazare Ponticelli, 110 ans et dernier poilu de la Première Guerre mondiale, témoigne de toute sa fidélité à ses camarades morts qu’il a promis de ne jamais oublier. Parmi ces valeureux, il y avait évidemment des homosexuels : on peut douter de leur enthousiasme dans l’au-delà, à une condamnation de leur patrie.
Mais ceux qui ont fait condamner la France et s’en réjouissent n’ont probablement que faire de ceux qui ont versé leur sang pour sa défense. Comme ils n’ont probablement pas grand chose à faire des dramatiques conséquences de cette condamnation. Pas que celle-ci soit vraiment importante pour le pays auto-proclamé des droits de l’homme, régulièrement condamné, à tort ou à raison, par la Cour européenne du même nom pour ses violences policières, l’état de son système carcéral, ses manquements innombrables aux libertés petites ou grandes dont celle du monopole de son système de Sécurité sociale tellement exceptionnel qu’il interdit à ses concitoyens d’avoir recours aux services d’assureurs privés européens.
Non, ce sont les homosexuels eux-mêmes qui vont pâtir des conséquences de cette condamnation. Nombre d’entre eux vont être bernés par cette décision. Le droit d’adopter ne donne pas droit automatiquement à un enfant. Et si la France est actuellement – et pour combien de temps ? – un pays où les minorités imposent en tous domaines leurs exigences sans cesse renouvelées et grandissantes, ce n’est pas le cas dans les pays où des enfants sont adoptables. Dans ces pays pudiquement appelés « en voie de développement », l’homosexualité ne rencontre guère – euphémisme ! – le même intérêt citoyen que dans nos sociétés.
« En France, 30 000 familles ont l’agrément des services sociaux = sont reconnues aptes à devenir parents, 8 000 nouvelles autres l’obtiennent chaque année. Le nombre d’enfants adoptables, France et Étranger confondus, stagnent au environ de 2000 par an » (source au 22 novembre 2007 : translocation.blogs.nouvelobs.com).
Penser que les dossiers des candidats homosexuels à l’adoption seront de fait traités après, bien après – s’ils le sont ! – ceux des couples hétérosexuels est une évidence, n’en déplaise à la Cour européenne des droits inutiles.