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Imperturbable, le petit télégraphiste poursuit sa route…
Jean-Michel Vernochet |
Politique
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Qu’est allé faire M. Sarkozy en Afrique du Sud ? Faire du commerce ? Bien entendu, n’est-ce pas l’une des fonctions essentielles de nos jours pour tout Président du monde moderne ? Nous aurions ainsi vendu à la première puissance du Continent noir une centrale électrique au charbon pour 1md et demi de $. Est-ce tout ? Non bien sûr, le buisson ne devant pas occulter la forêt, il s’agit de dévoiler ce que la presse, cette éternelle oublieuse, a omis de nous dire…
En fait, M. Sarkozy est allé à Prétoria « vendre la guerre ». L’Afrique du Sud est actuellement l’un des dix membres non permanents du Conseils de Sécurité, or, en compagnie de la Libye, de l’Indonésie et du Vietnam, elle se montrait fermée au projet anglo-français relatif à ces nouvelles sanctions économiques et financières contre l’Iran, projet de Résolution qui devait être discuté et en principe adopté ce lundi 3 mars au Conseil de Sécurité.
Ces sanctions font partie du système de crémaillère qui peu à peu asphyxie inexorablement l’Iran et qui finira bien par le pousser à la faute. Lorsqu’on parle de la diplomatie des petits pas chère à Henri Kissinger, le tout puissant conseiller officieux de la Maison-Blanche, il faut songer ici au rouleau compresseur qui avance à une allure de tortue mais ne s’arrête jamais et broie tous les obstacles…
Il est certain que « les yeux de merlan décongelé* » de la neuve Première dame fixent fermement l’objectif des caméras et l’attention des journalistes, lesquels ne sont certainement pas payés pour se préoccuper des enjeux géopolitiques réels qui sous-tendent et motivent le voyage du Président français hors de la sphère d’influence de l’Afrique francophone.
Vu l’absence générale de commentaire et d’analyse, on conclura que le confinement de l’information stratégique est toujours aussi efficace et que les onéreuses robes de haute couture de Mme Sarkozy jouent pleinement leur rôle de diversion médiatique.
Car personne ne s’est interrogé sur le pourquoi du comment des propositions mirobolantes faites au Président Thabo Mbéki : élever l’Afrique du Sud au rang des puissants du globe en l’admettant au G8 (ni plusse ni moinsse), et en lui offrant un siège permanent au Conseil de Sécurité ! Personne parmi les observateurs internationaux ne s’est posé la question de savoir selon quel mandat M. Sarkozy s’autorisait à venir proposer aux Sud Africains ce dont il n’est pas le maître ? Louable discrétion. Gageons que ces attributs prestigieux de la puissance et de la grandeur, G8 et Siège « permanent, ne soient en fait que la contrepartie au ralliement de Prétoria à la politique hégémonique du camp atlantiste.
Dans cette optique, une seule explication s’impose quant à M. Sarkozy : il n’est en substance que le petit télégraphiste, de Washington chargé de négocier et de vendre l’adhésion d’un Tiers Monde toujours un peu réticent à se laisser embringuer dans les magouilles planétaires inhérentes à la globalisation, à un processus visant à mettre à genoux l’Iran des Mollahs. Un Iran dont l’indépendance, comme celle hier de la Fédération yougoslave ou celle de l’Irak, est incompatible avec le Nouvel Ordre Mondial en construction chaotique.
D’ailleurs, on ne verra pas non plus obligatoirement une coïncidence si, au lendemain de cette visite historique en Afrique australe, le Pentagone annonçait avec fracas l’attribution d’un marché de 35 md de $ (100 à l’arrivée) au consortium européen EADS pour l’achat de 179 ravitailleurs A330. Faut-il voir là une « récompense » pour les bons offices de la présidence française ? Pourquoi pas ? Quoi que cet accord fasse perdre quelque 70 000 emplois aux Américains, c’est en effet un ballon d’oxygène pour les alliés du Vieux Continent, France et Allemagne, dont les économies souffrent actuellement du krach rampant qui affecte les marchés mondiaux.
Un gain de prestige également censé retomber sur un président français en chute libre dans les sondages d’opinion et un ballon d’oxygène pour une économie au bord de la faillite, si l’on se réfère évidemment aux propos du Premier Ministre Fillion et aux propres paroles de M. Sarkozy : « Les Caisses sont vides ». Aveux pathétiques s’il en est, mais la faute à qui ? À l’€uro ? À l’euro fort contre toute raison, artificiellement maintenu par la Banque centrale européenne à des taux suicidaires sous prétexte de lutte contre l’inflation? Mais l’inflation est déjà là ! Elle a commencé avec le simple passage à l’euro.
Maintenant elle décolle avec les spéculations sur les cours des matières premières qui fait que la monnaie européenne ne permettra bientôt plus de remplir le panier de la ménagère. Certes, il s’agit d’une conception hétérodoxe de l’inflation, laquelle correspond cependant à la réalité quotidienne : il faut de plus en plus d’euros pour acheter de moins en moins de denrées de base, lait, céréales, etc. Donc sa valeur d’usage, sa valeur intrinsèque, réelle, baisse, l’€uro se dévalue donc de facto !
Sans doute en achetant nos Airbus gros-porteurs l’Amérique nous devait-elle bien ça, car en y réfléchissant bien, l’€uro fort, qui n’est pas une fatalité et qui plombe nos exportations par rapport à un dollar de plus en plus faible. Un dollar monnaie de singe, sorti tout droit de la planche à billets, qui dope le commerce extérieur américain dans le contexte d’une économie lourdement hypothéquée par l’occupation de l’Irak : $720 millions de $ par jour soit 500.000 $ par minute.
En raccourci l’on peut dire que l’euro fort permet d’amortir l’impact de la guerre sur l’économie américaine, bref ce sont les Européens - à commencer par les Français et les Allemands, moteurs économiques de l’Union - qui pâtissent lourdement de cette politique inavouée. Des Européens qui, en se serrant la ceinture, en perdant des emplois, en voyant leurs entreprises se délocaliser vers des zones dollars afin de produire moins cher, couvrent une partie de l’aventurisme de la Maison-Blanche et payent les pots cassés d’une guerre innommable.
Finalement l’Amérique nous valait donc bien ça, non seulement il devenait urgent de redorer le blason passablement terni de M. Nagy-Bocsa, il fallait plus encore soutenir une économie européenne en perte de vitesse et en outre noyée sous les scandales d’une classe dirigeante en grand discrédit. Car au cas où l’Europe entrerait elle-même en récession ouverte, l’Euro cesserait de « soutenir » indirectement la balance des paiements américains.
Voilà M. pourquoi votre fille est muette, et ce pourquoi, M. Sarkozy, fringuant petit télégraphiste de Washington, s’en est allé « vendre la guerre à venir » en tenter de convaincre M. Mbéki de ne pas faire obstacles aux visées et aux menées des grands architectes du meilleur des mondes en devenir…
* Formule pêchée sur la Toile.
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Niveau 2 :: La Lettre « Les Nôtres »
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Niveau 3 :: Résistance Hors Serie
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