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Samedi, 2 Juin 2007
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Le national-socialisme et la grandeur nationale
Justin Raimondo
Tribune libre
Le national-socialisme et la grandeur nationale
Dans le musée des idées abandonnées et des remèdes risibles, le concept de « grandeur nationale » mérite sûrement une place spéciale. Cela fit fureur dans les milieux néoconservateurs vers 1997, quand David Brooks, alors éditorialiste du Weekly Standard, écrivit son ode au sens de la « grandeur » et à la grandeur impériale de l’Amérique qui s’incarnaient, pensait-il, dans l’immeuble de la Bibliothèque du Congrès. Avec ses fioritures dorées, et la projection excessivement décorée de son importance, et son symbolisme idéologique, cette structure représentait, pour Brooks, l’esprit d’un passé américain qui avait été, dans les années 1990, presque épuisé.

« Les concepteurs de la Bibliothèque du Congrès, comme tant de leurs compatriotes, pensaient que l’Amérique était à la veille de son âge d’or. A l’aube du XXe siècle, l’Amérique devait à son tour assumer la suprématie mondiale. C’était la tâche de l’Amérique de prendre la grandeur des civilisations passées, de la moderniser, et de la démocratiser. Cette destinée commune unifierait tous les Américains et leur donnerait un grand dessein national. »

Avec la fin de la guerre froide, et l’absence de toute menace importante pour la sécurité nationale américaine, ce grand dessein national était tombé au niveau de quelque chose de guère plus que, comme le dit Francis Fukuyama, l’ancien philosophe maison des néocons, « du calcul économique, la résolution sans fin de problèmes techniques, des préoccupations environnementales, et la satisfaction des demandes sophistiquées des consommateurs ».

Nous avons atteint, déclara Fukuyama, « la fin de l’histoire », qui, affirma-t-il, « sera une époque très triste » parce que « le combat pour la reconnaissance, la capacité de risquer sa vie pour un but purement abstrait, le combat idéologique mondial qui inspirait l’audace, le courage, l’imagination et l’idéalisme » seront remplacés par des questions aussi terre-à-terre que gagner sa vie, recycler des vieilles bouteilles de vin, et l’éternel problème de rendre heureuses sa femme et sa maîtresse. L’époque de l’héroïsme est passée, et à partir de maintenant notre tâche sera simplement « l’entretien incessant du musée de l’histoire humaine » et « des siècles d’ennui ».

Sans aucune guerre à mener, voyez-vous, ou d’autres causes requérant de verser de copieuses quantités de sang, votre néocon archétypal s’ennuie – non que ces conseillers politiques typiquement mous, physiquement incapables, souvent nabots et invariablement bedonnants envisageraient de combattre personnellement pour l’une de ces nobles causes, remarquez : leur rôle est d’étudier les guerres, c’est aux autres de les faire. La guerre, pour le néocon, est uniquement un sport en chambre, plutôt qu’une affaire pratique. Cependant, l’idée même d’un monde sans aucun conflit vraiment sérieux représente pour eux l’ennui absolu, bien qu’à la fin de son essai sur la « fin de l’histoire », Fukuyama avait l’espoir que « peut-être cette même perspective de siècles d’ennui à la fin de l’histoire servirait à faire redémarrer l’histoire ».

Il avait raison concernant le redémarrage de l’histoire, bien que ce ne fut pas de la manière que lui et d’autres l’avaient prévu : les attaques terroristes du 11 septembre sur le World Trade Center et le Pentagone remirent en selle les néocons, ouvrant effectivement un nouveau monde rempli de possibilités de conflit.

La fin de l’empire soviétique avait rendu obsolète leur style d’anciens cocos – qui leur donnait une aura d’experts, et qui leur facilitait l’entrée dans le domaine de la kremlinologie alors en plein boom –, et priva le monde de son attrait manichéen. Après le 11 septembre, ce que Fukuyama appelait « la lutte idéologique mondiale » fut ranimée, mais avec un adversaire arabo-islamique à la place d’un adversaire slave. Une fois de plus, le cri éclata : « Aux barricades ! ». Et ses échos furent entendus de Washington à Tel-Aviv.

Au lieu de bâtir des monuments à notre suprématie mondiale, et de nous consacrer à l’entretien incessant du musée de l’histoire humaine, nous pouvions une fois de plus revenir à la cause la plus noble de toutes – la guerre. Et pas une guerre ordinaire, mais une « guerre contre le terrorisme » – une guerre sans fin. Oh, quelle joie ! L’histoire était de retour – avec une vengeance.

La réponse des néocons à cela fut de développer une nouvelle idéologie, ou plutôt, de raffiner et de perfectionner leur ancienne idéologie – réchauffée avec les recettes sociale-démocrates combinées à une dévotion implacable au culte d’Arès – qui a muté, dans ses dernières étapes, en ce qui pourrait être qualifié, sans faire appel à toutes les manœuvres de Procuste, de variante du fascisme. Le mépris pour les vertus « bourgeoises », expression donnée par le Senor Fukuyama, le désir ardent d’héroïsme, la valorisation de la mort pour l’amour d’une abstraction – ces vertus « aristocratiques », comme Fukuyama les appela, sont de nouveau en vogue, avec le culte du militarisme, l’idée du Grand Gouvernement, et le renouveau des impulsions vraiment autoritaires en Occident.

Que ces impulsions se soient manifestées parmi les intellectuels de droite, plutôt que de se nicher exclusivement à gauche, comme dans le passé, fut simplement une fonction de la mentalité néoconservatrice, qui est autant une histoire qu’une idéologie. Beaucoup des principaux néocons, après tout, avaient été de gauche, généralement de la variété trotskiste, et conservèrent le cadre de référence universaliste/totalitaire longtemps après avoir abandonné la politique de gauche sectaire. Le néoconservatisme, en un certain sens, est simplement du trotskisme inversé. Au lieu d’exporter la « révolution socialiste mondiale », ils ont l’intention de répandre ce que George W. Bush a décrit comme la « révolution démocratique mondiale ». Et ils le font avec la même ferveur révolutionnaire qu’ils – ou leurs ancêtres intellectuels – saluaient autrefois l’Armée Rouge et son fondateur.

Pour les questions intérieures, historiquement, les néocons sont passés complètement à coté : leur seule vraie croyance éternelle est celle du pouvoir libérateur de la puissance militaire américaine. Avec l’implosion du projet léniniste, et l’apparente « fin de l’histoire », les néocons furent essentiellement mis hors course – jusqu’à ce que la pire attaque terroriste de l’histoire américaine ranime leur ferveur, et leurs fortunes. Et cela marqua une étape de plus dans leur longue odyssée, depuis le marxisme jusqu’à un nouveau genre d’autoritarisme de droite.

J’hésite à utiliser le terme beaucoup trop souvent utilisé de « fascisme », qui a été utilisé pour décrire quiconque s’opposait à la Nouvelle Gauche pendant les années 1960 et quiconque s’opposait à l’entrée des USA dans la Seconde guerre mondiale. Les communistes, durant la « troisième période » des années 1930, décrivaient habituellement les sociaux-démocrates comme des « sociaux-fascistes », et cela a été un thème favori d’injure employé par les néocons pour diffamer tous ceux qui croisaient leur chemin. Oui, même moi, un libertaire, c’est-à-dire quelqu’un qui pense que le meilleur gouvernement est l’absence de gouvernement, j’ai été décrit ainsi, par une autorité non moindre que le Frontpage de David Horowitz.

Cependant il existe bien une idéologie fasciste, historiquement parlant, et ses principaux thèmes sont ranimés dans l’idéologie néoconservatrice contemporaine à un degré effrayant. En-dehors du romantisme fin-de-siècle de Fukuyama espérant une renaissance de l’histoire, les néocons ont reproduit la plupart sinon tous les symptômes classiques de la mentalité fasciste, s’ils n’ont pas encore généré toutes les caractéristiques du fascisme au pouvoir. Non, nous n’avons pas un Etat à parti unique, ce qui est le principe organisationnel central de l’idéologie fasciste. Mais c’est seulement parce que les néocons ne se sont pas encore emparés du pouvoir total, et n’ont pas encore balayé les derniers vestiges de la démocratie constitutionnelle. Pourtant, ils ne manquent d’aucun des symptômes connus des fascistes en-dehors du pouvoir, c’est-à-dire des autoritaristes potentiels.

L’essence du néoconservatisme est la guerre et la valorisation du conflit, et, comme tel, il semble taillé sur mesure pour l’ère post-11 septembre. Pour les premiers théoriciens fascistes, et pour le premier politicien fasciste ayant réussi, Mussolini, la guerre était la plus noble cause de toutes, pas simplement une nécessité mais une obligation sacrée. Les actes de guerre étaient, pour les fascistes, des actes de culte religieux : Arès remplaçait Zeus dans l’Olympe fasciste. La seule vraie foi éternelle des fascistes était dans l’efficacité de la force militaire comme un moyen de modeler la société, et ce militarisme dominait tous les aspects de la société fasciste, qui était construite autour de la guerre et des préparatifs de guerre. Mussolini cherchait à recréer l’Empire romain – une ambition partagée par le chroniqueur néoconservateur et expert militaire Max Boot, dont le « Plaidoyer pour un Empire américain » expose la prétention américaine à la pourpre impériale.

La foi des néocons dans la capacité de l’armée américaine à « transformer » le Moyen Orient, et à créer des républiques jeffersoniennes là où auparavant il n’y avait eu que de la tyrannie et de la misère noire, est sûrement un phénomène mystique, tout aussi sûrement et franchement religieuse que la foi guérisseuse ou la Christian Science. Alors que la politique étrangère d’une république constitutionnelle est nécessairement limitée à la défense de la nation et de ses intérêts, une nation qui a déclaré que son but de politique étrangère était une « hégémonie mondiale bienveillante » – comme Bill Kristol et Robert Kagan le dirent dans leur manifeste de politique étrangère en 1996 – est une créature d’un type différent. Ce n’est sûrement pas une république, dans aucun sens sérieux du terme, mais un empire : peut-être même un empire du mal, pour toutes ses prétentions « bienveillantes ». Jamais depuis les mouvements fasciste et national-socialiste des années 1930, un mouvement politique de masse n’avait avancé un programme de conquête du monde comme but politique.

Le modèle fasciste idéal était Sparte – une nation guerrière organisée pour la conquête, dans un état permanent de mobilisation pour la guerre. Pour le fasciste, la vie est la guerre, les nations sont nécessairement toujours en conflit, et cet inévitable affrontement des intérêts doit toujours se terminer par la guerre – et par la victoire de l’un sur l’autre. Cette vision du monde se reflète dans la perpétuelle « guerre contre le terrorisme », dont nos dirigeants nous promettent qu’elle durera au moins une génération. La guerre perpétuelle, autant qu’on puisse le voir, est la doctrine centrale du néoconservatisme, et l’esprit animateur des mouvements fascistes classiques, ainsi que du national-socialisme allemand.

La guerre à l’étranger signifie une atmosphère de conformité et d’hostilité à la dissidence sur le front intérieur, et cela s’est traduit, dans la pensée néoconservatrice contemporaine, par l’identification du sentiment anti-guerre à la trahison. Dans son infâme attaque diffamatoire contre les critiques paléo-conservateurs et libertaires de l’invasion de l’Irak, David Frum, le Vychinski néocon, attaqua votre serviteur, ainsi que tout un peloton de droitistes anti-guerre, en les traitant de « conservateurs non-patriotes ». A un niveau inférieur, là où l’idéologie néocon rencontre la radio et Fox News, nous avons Sean Hannity hurlant à « l’ennemi de l’Etat » en parlant des critiques de la guerre et des dissidents de la ligne du parti néocon. Comme les mouvements fascistes classiques du passé, le néoconservatisme valorise et promeut aujourd’hui l’uniformité de la pensée, et cherche à imposer l’homogénéité intellectuelle par des restrictions identifiant la dissidence à la trahison. Andrew Sullivan, un des principaux fauteurs de guerre et compère néocon, a accusé d’une manière infâme une « cinquième colonne » sur les « deux côtes » de sympathiser pas si secrètement avec Oussama Ben Laden et d’autres ennemis de l’Amérique. A un niveau plus grossier, plus avons les vociférations de David Horowitz, qui accuse couramment ses adversaires politiques d’être de connivence avec les terroristes, soit consciemment soit « objectivement », comme disaient les marxistes.

Conservatisme signifiait habituellement antiétatisme. Aujourd’hui, sous la rubrique du néoconservatisme, cela a été inversé. C’est un conservatisme bizarre, où l’individualisme de Barry Goldwater et de Frank S. Meyer a fait place à la pensée de groupe militarisée de David Frum et à la démagogie répétitive de Rush Limbaugh. Depuis The Conscience of a Conservative [PDF] (ou, peut-être, A Choice, Not an Echo) jusqu’à An End to Evil, il y a un long chemin à parcourir : cela a été une longue descente, mais il semble bien que les « conservateurs » déclarés d’aujourd’hui, dévoués comme ils le sont à ce qui est rapidement en train de devenir un mouvement ouvertement fasciste, sont finalement en train de toucher le fond.

Le racisme n’est pas nécessairement lié au fascisme, pourtant l’exemple du national-socialisme allemand rend la connexion inévitable. Et là aussi, il y a des parallèles inquiétants. Le néoconservatisme, comme le nazisme, a son « Autre », son équivalent du Juif Eternel, et c’est l’Arabe Eternel. Une grande partie de la vision néoconservatrice du monde arabo-musulman a ses racines dans une mentalité effrontément raciste, exemplifiée dans les écrits de Raphael Patai, dont le livre, The Arab Mind, eut paraît-il une grande influence dans les cercles de l’administration Bush, ainsi que parmi les néoconservateurs en-dehors du gouvernement. Comme Seymour Hersh le remarqua dans son enquête sur les horreurs d’Abou Ghraïb :

« La notion que les Arabes sont particulièrement vulnérables à l’humiliation sexuelle devint un sujet de discussion parmi les conservateurs pro-guerre de Washington dans les mois précédant l’invasion de l’Irak en mars 2003. Un livre qui était fréquemment cité était The Arab Mind, une étude de la culture et de la psychologie arabes, publié pour la première fois en 1973 par Raphael Patai, un anthropologue culturel qui enseignait entre autres aux universités de Columbia et de Princeton, et qui mourut en 1996. Le livre inclut un chapitre de 25 pages sur les Arabes et le sexe, décrivant le sexe comme un tabou investi de honte et de refoulement. ‘La séparation des sexes, le port du voile pour les femmes… et toutes les règles minutieuses qui gouvernent et restreignent le contact entre hommes et femmes, ont pour effet de faire du sexe une préoccupation mentale primordiale dans le monde arabe’, écrivait Patai. L’activité homosexuelle, ‘ou toute indication de tendance homosexuelle, comme toute autre expression de sexualité, ne reçoit jamais de publicité. Ce sont des affaires privées et elles restent en privé’. Le livre de Patai, me dit un universitaire, était ‘la bible des néocons sur le comportement arabe’. Dans leurs discussions, dit-il, deux thèmes émergeaient : ‘l’un, que les Arabes ne comprennent que la force et l’autre, que la plus grande faiblesse des Arabes est la honte et l’humiliation’. »

La torture comme acte politique, le thème central d’une campagne de propagande, est quelque chose que nous devons sûrement associer aux mouvements fascistes. De plus, sélectionner des gens d’une ethnicité ou d’une religion particulière – dans ce cas, les Arabes et les musulmans – évoque tellement le parti nazi qu’on doit se demander si ce n’est pas intentionnel. Que les néoconservateurs portent maintenant la bannière pro-torture est une étape majeure dans leur voyage vers une forme typiquement américanisée de fascisme.

En termes d’idéologie et de politique, ainsi que par le style et l’esprit, le mouvement néoconservateur d’après le 11 septembre exhibe toutes les caractéristiques classiques d’un phénomène authentiquement fasciste : militarisme, culte du leader, autoritarisme intellectuel, illusions de « grandeur nationale », haine de l’Autre, romanticisation de la violence, et un programme de guerre permanente. La seule chose qui manque est un Etat à parti unique – et nous n’en sommes peut-être séparés que par une attaque terroriste majeure.

notes

Justin Raimondo est Directeur Editorial de Antiwar.com.

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