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Vendredi, 17 Décembre 2004
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Lettre ouverte à Thierry Ardisson
Alain Soral
Tribune libre
Mon cher Thierry,

Je comprends que ma prestation (fruit d'une manipulation que tu connais pour l'avoir pratiquée comme moi, du temps où tu étais journaliste), prestation maladroite à "Complément d'enquête", t'ait mis en porte à faux, toi le défenseur des insoumis et autres dissidents qui font (faisaient ?) la qualité de ton émission : "Tout le monde en parle".

Mais était-il - je ne dis pas même moral - simplement intelligent d'aller aussi loin dans la bassesse, le travail d'épurateur, en t'acharnant, en son absence, sur un homme déjà à terre ? Toi, Thierry, un ami de vingt cinq ans, qui fit la promotion empressée de mes quatre derniers livres, et qui me prenait dans tes bras, il y a quelques mois encore, à ce dîner ou tu m'invitais au Paradis Latin en me répétant, les yeux dans les yeux, combien tu respectais mon courage et ma liberté d'esprit sur certains sujets...

Es-tu sûr, toi le lecteur assidu de de Maîstre et de Maurras, d'être le mieux placé pour donner des leçons de "politiquement correct" au progressiste que je suis ?

Aller jusqu'à reprocher à Dieudonné de s'être porté à mon secours après mon agression dans une librairie par trente nervis fascistes ! (À propos, où en est l'enquête ? Que fait la police ?). Es-tu sûr, Thierry mon ami, que ces récents week-ends gratis à Marrakech, chez ton nouveau mentor, Bernard-Henri Lévy, valent de descendre aussi bas ?

Mais je me doute bien, Thierry, que ces questions douloureuses, à l'heure qu'il est, tu te les poses déjà, c'est pourquoi je te laisse en délibérer avec ta conscience. Vois-tu, Thierry, aujourd'hui je suis seul, menacé, précaire... et pourtant, va comprendre, je préfère encore ma place à la tienne.

Adieu l'ami,

Alain Soral
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