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Lundi, 26 Novembre 2012
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De l'"islamophobie"
Benoît Girard
Tribune libre
De l'
A Marine Le Pen.

A Tareq Oubrou, Albert Ali, Camel Bechikh, et tous les musulmans dont la rencontre a profondément marqué mon engagement politique...

De quoi précisément l'islamophobie est-elle le nom ?

Pour ma part, je tiens que l'islamophobie n'est pas tant la détestation de l'islam que la projection sur les musulmans de tout ce que notre société se plaît à détester dans ses propres fondements : sacré, transcendance, générosité, gratuité, dignité de la personne humaine etc... En d'autres termes, l'islamophobie serait une "autophobie". Elle constituerait l'expression conclusive et paradoxale d'un processus entamé il y a une quarantaine d'années.

Il n'était pas question d'islamophobie, en ce temps-là. Au contraire ! Les élites occidentales étaient tellement sûres d'elles-mêmes, persuadées de leur prééminence intellectuelle sur le reste du monde, qu'elles voyaient dans l'islam un marqueur culturel secondaire, facilement soluble dans notre modernité, et qui, sous cette forme bénigne, pouvait servir d'accessoire folklorique au prétendu multiculturalisme dont on faisait la forme ultime du progrès social. Il s'agissait d'un ethnocentrisme néo-colonial et conquérant. C'était le beau temps de l'"anti-racisme" triomphant, avec ses harkis (Harlem Désir), son bureau des affaires indigènes (Julien Dray) et ses expositions universelles (Jack Lang).

Nous vivons aujourd'hui la deuxième phase de ce processus. Face aux contradictions du modèle ethno-centrique et en réponse à l'anomie sociale qu'il génère, l'ethno-centrisme occidental se crispe. Son incapacité manifeste à digérer l'altérité le mène à cibler l'autre, en tant qu'autre, comme un ennemi qu'il convient d'abattre. C'est la phase bushienne, néo-conservatrice, de notre modernité occidentale. Celle-ci se voit contrainte de réhabiliter les catégories du bien (= la neutralité axiologique) et du mal (= l'obscurantisme) qu'elle prétendait pourtant avoir dépassées.
En d'autres termes, nous sommes passés de la "modernité Blitzkrieg" à la "modernité Maginot". Et nous avons substitué à la modernité anti-religieuse du "Petit Père Combes", la modernité-religion de BHL.

En dépit des apparences, le débat n'oppose donc pas des "islamophobes" et des "islamophiles", mais deux formes différentes d'islamophobie dont on ne voit pas assez qu'elles ne sont que les variantes rhétoriques d'une commune détestation occidentale de tout ce qui touche au religieux.

L'islamophobie, ou la perpétuation de l'islamophilie par d'autres moyens.

Comme le réel évolue plus vite que les représentations, on a pu assister ces derniers temps à des chassés-croisés vertigineux, des embardées rhétoriques spectaculaires :
- Certains voient dans leur islamophobie une forme de résistance à l'ordre établi alors qu'elle n'en constitue que la pointe avancée et caricaturale. Quelques uns, du reste, l'ont bien compris, qui revendiquent une "avance de dix ans" sur Copé (cf. le "Bloc identitaire").
- D'autres voient dans leur islamophilie une forme de résistance à l'islamophobie dominante, alors qu'elle ne constitue qu'une tentative anachronique de perpétuation, en pleine phase de crispation identitaire, du néo-colonialisme première manière. "On a bien digéré le catholicisme rétrograde du Syllabus, continuent-ils à penser, pourquoi diable n'en irait-il pas de même avec l'islam obscurantiste des salafistes ?"
- Les musulmans, de leur côté, ne savent plus très bien à quel saint se vouer. Jamais aussi bien intégrés (c'est-à-dire désintégrés) dans la sous-culture occidentale, ils se croient détestés comme musulmans alors qu'ils ne sont que les boucs-émissaires d'un effondrement global et qu'ils sont, à ce titre, cruellement soumis à des injonctions contradictoires. S'ils surjouent l'intégration (= "racaillisation"), la modernité ne supporte pas l'image très exacte qu'ils renvoient d'elle-même. S'ils tentent de se différencier (= burkas, barbes et djellabas), ils s'exposent à être regardés, en tant qu'autres, comme les tenants d'un "retour en arrière".

Islamophobie et islamophilie ne sont, en définitive, que les deux formes successives d'un seul et même processus dialectique. De la rencontre entre ces deux pathologies, beaucoup plus que de celle entre chrétiens et musulmans authentiques, risque de naître la guerre de religions à venir.

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