Sur fond de méfiance envers la politique, LMP, start-up spécialisée dans la stratégie électorale, analyse l'évolution des partis par rapport aux exigences nouvelles de leurs adhérents.

«Le militantisme est mort, vive le militantisme!» C'est ce qu'affirme la start-up de stratégie électorale Liégey Muller Pons (LMP), qui titre ainsi sa newsletter de juillet 2015. Entre méfiance croissante des Français envers les hommes politiques et baisse du nombre d'adhérents, l'avenir des partis politiques ne s'annoncerait pourtant pas radieux. partis politiques
Certes, selon Vincent Pons, cofondateur de LMP et professeur à la Business School de Harvard, «malgré une crise de confiance dans les partis politiques, les gens sont toujours prêts à donner du temps». Christophe Borgel, secrétaire national du PS, veut croire que les Français n'ont jamais perdu «la culture de l'action politique». Une culture du militantisme traditionnelle, avec les indispensables actions de tractage, boîtage et affichage, ne suffit plus. Dans sa newsletter, LMP souligne que «les partis doivent concevoir d'autres formes d'engagement que le rôle unique du militant dévoué corps et âme au parti». «Le militantisme 2.0 doit proposer de nouveaux profils d'engagement, accepter les non-encartés, consentir que les gens donnent moins de temps tout en imaginant une structure plus horizontale et moins hiérarchique, laissant place à plus d'initiatives», explique Vincent Pons.
«Il y a une vraie attente de rupture. Les Français veulent des actions concrètes, des mobilisations concrètes. À tel point qu'ils préfèrent se tourner vers le milieu associatif», estime Daniel Leca, porte-parole national de l'UDI. C'est cette originalité que souhaite proposer le Parti de gauche en développant le principe d'assemblées citoyennes qui servent «à éveiller les consciences», selon Danielle Simonnet, coordinatrice du PG. À Europe Écologie-Les Verts, on s'efforce de combiner militantisme politique et militantisme associatif. «À côté des militants “classiques”, il y a ceux qui veulent se divertir en imaginant de nouvelles formes de rassemblement: pique-niques, balades à vélo, ou opérations coup-de-poing comme le nettoyage des banques», explique Julien Bayou, porte-parole national EELV.
Si l'envie d'agir reste importante, il faut néanmoins prendre en compte les évolutions de la société. Pour Daniel Leca, «les partis politiques doivent s'adapter aux gens qui travaillent». «La demande pour des engagements d'intensité légère, plus informels et moins hiérarchiques, est de plus en plus forte», peut-on lire encore dans la newsletter de LMP. Pour Vincent Pons, les partis politiques doivent s'ouvrir vers l'extérieur et voir l'arrivée de nouveaux militants de façon positive. Cela passe, dans un premier temps, par l'accueil de ces nouveaux arrivants. Chez les Républicains, Nicolas Sarkozy a ainsi pris l'habitude de les recevoir au siège du parti. LMP préconise de «laisser très peu de temps entre la première manifestation d'intérêt d'un sympathisant et le moment où il est contacté».
Quant à l'outil Internet, tout le monde s'accorde à dire que c'est un formidable vecteur de mobilisation, car gratuit, et certains le trouvent indispensable à la démocratie participative. D'autres n'y voient qu'un simple outil pédagogique, comme Daniel Leca. «Contribuer en ligne, moderniser la manière de militer oui, mais c'est un outil pour les déjà convaincus, ça ne fonctionne pas pour attirer de nouveaux adhérents», souligne le porte-parole de l'UDI. Pour le délégué national aux fédérations de Debout la France (DLF) Jean-Philippe Tanguy, «si ce n'est pas complété par de l'humain, c'est du vent». Et si les partis politiques ne devaient retenir qu'un conseil de la start-up LMP, ce serait celui de ne jamais relâcher l'attention portée aux militants, en particulier après les périodes de campagnes électorales.
Si le cabinet de stratégie électorale semble faire du «recrutement de militants une priorité» pour «les partis politiques de demain», le plus dur sera de fidéliser un noyau dur d'adhérents en vue des prochaines élections. Jean-Christophe Cambadélis pour le PS et Nicolas Sarkozy pour les Républicains se sont fixé l'objectif d'atteindre les 500.000 adhérents dans leurs partis respectifs avant 2017. Un pari pour le moins ambitieux.