Les SR hiérosolymitains à nouveau sur la sellette, suite à l’exécution d’un des chefs militaires du Hamas, Mazen Faqha, tombé sous les balles d’un commando non identifié mais dans lequel beaucoup voient, avec quelques arguments il est vrai, la main experte des SR israéliens.
Un des patrons des Katā’ib Izz al-Din al-Qassam (Brigades Ezzedine Al-Qassam)1, soit la branche armée du Harakat al-Muqâwama al-‘islâmiya (HAMAS)2, Mazen Faqha (38 ans), a été abattu par balles, le 24mars 2017. Balles tirées « à bout portant dans la tête et le haut du corps », dont au moins quatre dans la tête, selon des médecins, depuis un pistolet « muni d’un silencieux », selon des sources au sein des services de sécurité gazaouis.
On ne prête qu’aux riches ! Aussitôt, le Hamas a accusé l’État hébreu, affirmant sans plus de précisions que cette exécution était le fait de « collaborateurs » en lien avec le Ha’Mossad Ley’Modi’in Ley Tafkidim Méyuh’Adim (MOSSAD)3, selon le procureur général de Gaza, Ismaïl Jaber, pour qui « … cet assassinat porte l’empreinte claire du Mossad ».
Comme souvent en pareil cas, Jérusalem n’a fait aucun commentaire sur l’affaire. En revanche, les media hiérosolymitains ont relevé que cette opération portait assez bien la signature de leurs soldats de l’ombre. À savoir également que le quotidien Ma’Ariv avait publié, l’an dernier, une shorlist des ennemis d’Israël à abattre. Liste où Faqha figurait en bonne place.
On rappellera, par ailleurs, que Faqha, aux dires mêmes du Hamas, chapeautait des cellules des Katā’ib Izz al-Din al-Qassam dans le nord de la Cisjordanie, territoire dont sont originaires de nombreux kamikazes de la 2ème Intifada, ce qui lui donnait le profil idéal (sic) d’une cible des Services-action d’Israël.
Jérusalem pardonne assez peu à ceux qu’elle tient pour ses ennemis et sait prendre le temps nécessaire dans l’exécution de ces basses œuvres. Or, au début de ce soulèvement qui a duré de 2000 à 2005, Faqha, dixit encore le Hamas, avait joué « un rôle clé dans la préparation et la mise en œuvre » de « deux attaques-terroristes majeures » contre Israël.
1- l’attentat suicide4 du 18 juin 2002, qui avait fait 19 morts dans un bus dans le quartier de Gilo à Jérusalem ;
2- l’attentat suicide du 4 août 2002, perpétré le dans le Bus 361 à Safed (nord d’Israël), et qui avait fait 9 morts.
Faqha, arrêté en août 2002 et condamné à neuf peines de perpétuité assorties de 50 années de prison, avait toutefois été libéré à l’été 2011, dans le cadre de l’échange d’un millier de prisonniers palestiniens contre le soldat franco-israélien Gilad Shalit, détenu cinq ans par le Hamas. Jérusalem avait interdit à Mazen Faqha de revenir en Cisjordanie et l’avait expulsé sur Gaza.
Qu’est-ce qui nous fait dire qu’il y a de fortes chances que Faqha ait été abattu par les gâchettes israéliennes. Très certainement du Kidon5, qui est est la Branche exécution & exfiltration (enlèvement) de Metsada, la Division des opérations spéciales6 du Mossad ?
Primo. Le modus operandi, les Kidonim sont familiers de ce type d’exécution, dénommée Sikul memukad (en hébreu, prévention ciblée). À l’origine, les armes utilisées étaient des Beretta 22LR. Mais Tsahal, ainsi que plusieurs autres administrations et organes de force israéliens, utilise des pistolets semi-automatiques made in Israel de type Jericho. À noter le choix (récent) de passer au Glock de plusieurs autres administrations israéliennes.
Mais, quelque part, le 22 LR associé au silencieux (outre qu’il est parfait pour ce genre d’action) est pour ainsi dire la signature des Sikul memukad. Quel qu’ait été le choix de l’arme et du calibre, l’expertise des Israéliens à réaliser ce type d’opération est l’une des plus élevées au monde.
Secundo, Son profil, Faqha ayant tout pour motiver (du point de vue israélien) le recours à la praxis de frappe préventive israélienne en cas :
1- d’intention manifeste de mettre à exécution un acte spécifique de violence dans un avenir très proche.
2- de lien indirect avec plusieurs actes de violence (organisation, planification, recherche de moyens de destruction, etc.).
Le (ou la, je ne suis pas hébraïsant) Sikul memukad se fondant sur la possibilité que l’élimination physique de la cible préviendra contre des actes similaires. Le Bagats (Cour suprême) a jugé, le 14 décembre 2006, que cette praxis était admissible sous certaines conditions.
Quant aux acteurs précis de cette opération, le Kidon est, naturellement, le premier nom qui vient à l’esprit.
À noter toutefois l’extrême pragmatisme des Israéliens en matière de lutte antiterroriste. Ce qui fait, qu’en pratique, le Sherut Ha’Bitaron Ha’Klali (SHABAK)7 qui est l’équivalent du FBI nord-américain et de la DGSI française, a gardé, pour une large part, la main sur ce qu’étaient les territoires sous son contrôle avant les accords de paix israélo-palestiniens, donc… Gaza. Quelque part, on ne change pas un équipe qui gagne…
Parmi les branche du Shabak, on note la Division des affaires arabes qui s’occupe des opérations antiterroristes et de la mise à jour d’une banque de données sur des terroristes arabes8. Cette division comporte un détachement militaire nommé Henza qui travaille en collaboration avec les Mist’Aravim (éléments arabophones chargés de l’infiltration et venant de Tsahal), pour maîtriser les émeutes, qui ne sont cependant pas des unités de maintien de l’ordre. Mais également un Service-action.
Idem pour les SR militaires, l’Agaf Ha’Modi’in (A’MAN) ainsi que les Mishmar Ha’Gvul (MA’GAV, police des frontières israélienne). Jérusalem en matière de lutte contre ses ennemis, a fait sien l’adage chinois : Qu’importe que le chat soit noir ou gris pourvu qu’il attrape les souris !
En clair, pour taper Mazen Faqha, Israël aura mis en branle le SR ou l’unité la plus à même de conduire cette énième Sikul memukad à bien et dans les délais les plus courts…
Notes
1 Anciennement Al-Moujahidoun al-Philistiniyoun, les combattants palestiniens.
2 Mouvement de résistance islamique, l’acronyme signifie également zèle en arabe.
3 ou Institut Central de Renseignements & des Opérations Spéciales, Mossad signifiant l’Institut.
4 Coté palestinien ce type d’attaque est répertorié sous le terme d’Opération-martyre.
5 Kidon, mot hébreu signifiant baïonnette. Simple, mais pas très discret.
6 Véritable Mossad dans le Mossad, disent ses détracteurs, Metsada dépend du directeur adjoint et conduit les opérations paramilitaires, de guerres psychologiques, de sabotage et… d’assassinat.
7 La meilleur traduction étant : Service Général de la Sûreté.
8 Semble-t-il différentes de celles de la police.
MOSSAD, HAMAS, Kidon, Mazen Faqha, Sikul memukad,
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