Sur le site www.oumma.com François Burgat publie un court texte qui résume tout à fait la situation actuelle en Palestine.
En voici l’essentiel :
« Le bureau du premier ministre (Dominique de Villepin ?) canonné depuis un hélicoptère. Le ministre de l’intérieur, (Nicolas Sarkozy ?) jeté dans un fourgon cellulaire comme un vulgaire malfrat, un sac poubelle sur la tête ? Trente députés (UMP ? Socialistes ?), élus municipaux et autres ministres tout aussi promptement menottés et cagoulés sans autre forme de procès ? En pleine canicule, soixante dix pour cent des habitants (de la France ?) privés d’électricité, et donc non seulement de lumière ou de réfrigération mais également d’eau ? Les ponts bombardés et le pays coupé en petits morceaux ? Les chasseurs qui passent régulièrement le mur du son pour briser les vitres et terrifier petits et grands ? Les observateurs étrangers et les ONG tenus à l’écart ? Le pays exsangue (salaires puis alimentation en vivres coupés) transformé en un terrifiant ghetto ?
Ouf, ce n’est pas chez nous ! Non ce n’est pas la France que son voisin surpuissant (qui, bien plus que la paix, veut, encore et encore, des hectares de terre) est en train de martyriser pour se venger d’avoir perdu son monopole absolu de faire des prisonniers.
Ce n’est pas en France que l’on recherche un « jeune » soldat de l’armée qui canonne sans trêve (7000 obus en quelques semaines) depuis ses frontières maritimes et terrestres, le territoire qu’elle a eu « le courage », comme on dit sur France Culture, de quitter, il y a quelques mois, au milieu des larmes de ses frères les colons. »
François Burgat remarque ensuite que « Les rédacteurs en chef de la presse écrite et audio visuelle du pays « des Lumières » et « des Droits de l’homme » - moins lucides encore qu’une partie au moins de la presse israélienne - pourront continuer à nourrir notre passion pour une équipe (« black beur blanc », la preuve qu’on les aime quand ils marquent des buts !) et en même temps, notre soumission pitoyable à la sinistre loi du plus fort. De titre euphémisant « Hamas Israël: l’épreuve de force ? » « Israël fait montre de fermeté ») en silence même pas honteux, le crime que commettent quotidiennement les media de l’hexagone contre la déontologie de l’information de guerre couvre le crime contre l’humanité qui se profile en Palestine. Dormons Français ! La police de nos amis est « ferme » : à Gaza, 700 000 habitants- terroristes sont désormais sous les verrous. »
Au delà de ce qui se passe en Palestine, le plus préoccupant pour nous autres Français est sans doute bien ce silence étourdissant des médias qui n’est rompu que par des manipulations sémantiques.
Homme d’écrit, j’écoute peu la radio et je regarde peu la télévision, mais j’ai quand même été frappé, que, mardi passé, lors de mes deux passages effectués ce jour sur ces médias, je n’ai eu aucune information sur la situation en Palestine. La revue de presse de France culture était entièrement consacrée à l’accident de métro de Valence, et le journal du soir de France 3, a totalement ignoré le Proche-Orient. De plus, quand on parle des évènements, il faut bien prendre conscience que tous les termes comptent - par exemple, et ce n’est qu’un exemple, le soldat Guilad est « franco-israélien », il a été « enlevé » et non pas « capturé » - et que les spécialistes invités sont parfois bien particuliers (comme le géopoliticien Frédéric Encel qu’on oublie de nous présenter comme un ex-dirigeant du Betar !)
Si en Palestine on est dans une guerre traditionnelle, en France, nous sommes dans une guerre sémantique, et celle-ci a commencée il y a bien longtemps, afin de nous conditionner à accepter l’inacceptables. A faire admettre par nos concitoyens qu’importe en fait ce qui se passe à Gaza, car ce ne sont, après tout, que des arabes qui sont dirigés par des terroristes islamistes.
Les campagnes d’intoxication des médias avec de fausses informations sur le péril musulman ou sur l’antisémitisme des banlieues, doublées de manœuvres d’intimidation visant les rares journalistes courageux (voir les procès faits à Mermet, à Enderlin, etc., ou le licenciement d’Alain Ménargues) ont joué leurs rôles : la presse, la radio et la TV, sont au mieux soumises au pire complices.
Il reste internet, où quelques sites permettent une information libre.
Cela ne durera peut-être pas et il ne faut pas s’étonner que Patrick Gaubert, président de la Licra et député européen, se soit désolé, lors de la dernière réunion des parlementaires juifs qui s'est tenue à Jérusalem, « qu'en France la presse écrite soit laminée et écrasée par Internet sur lequel tout peut circuler librement ».
Que tout puisse « circuler librement », et que l’on puisse donc s’informer sur les crimes commis en Palestine, c’est bien là le drame.
Pour lui, et pour tout un lobby.