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Samedi, 17 Février 2007
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L’hypocrisie des États-Unis
Peter Singer
Étranger
Lors de la commémoration du 230e anniversaire de l’indépendance américaine le 4 juillet dernier, le président George W. Bush a relevé que les patriotes de la guerre d’indépendance estimaient que tous les hommes naissaient égaux et que leurs droits étaient inaliénables. Grâce à ces idéaux, affirma-t-il, les États-Unis « restent un flambeau
d’espoir pour tous ceux qui rêvent de liberté et un exemple lumineux pour le monde de ce qu’un peuple libre peut accomplir ».

Dans le même temps, son Administration maintenait en détention quelque 400 prisonniers à la base navale de Guantanamo Bay à Cuba. Certains d’entre eux y sont depuis plus de cinq ans. Aucun n’a jamais été jugé.

Le mois dernier, une source tout à fait digne de confiance a confirmé que les prisonniers de Guantanamo souffraient de traitements pires que la détention indéterminée. Le FBI a publié des documents indiquant qu’un de ses agents avait « à plusieurs reprises » vu des détenus « pieds et mains liés en position fœtale sur le sol », sans chaise, eau ou nourriture. Dans ces conditions, « la plupart avaient fait leurs besoins sous eux ». Ils avaient été laissés à croupir 18 heures, 24 heures ou plus. L’agent raconte qu’à une autre occasion, « la climatisation avait été réglée si bas que le détenu, pieds nus, tremblait de froid. Dans un autre cas, la climatisation avait été coupée, et la température dans la pièce sans aération dépassait sans doute les 40°. Le détenu était presque inconscient sur le sol avec un tas de cheveux à côté de lui. Apparemment, il s’était littéralement arraché les cheveux pendant la nuit. » Un autre agent du FBI s’est entendu dire, sur le ton de la plaisanterie, par un employé sous contrat avec l’armée : « Vous devez voir ça ! » Il a été emmené dans une salle d’interrogatoire où il a vu un homme aux cheveux longs qui avait été bâillonné avec du ruban adhésif « qui lui couvrait aussi une bonne partie de la tête ». Lorsque l’agent a demandé comment on allait ôter le ruban adhésif, on ne lui a rien répondu. D’autres agents du FBI ont indiqué avoir vu des prisonniers entravés pendant 12 heures ou plus, dans le froid, soumis à des lumières stroboscopiques et à de la musique rap assourdissante, et qu’on avait obligé à s’envelopper dans le drapeau israélien. Le rapport du FBI rend compte de ces conditions avec le commentaire « qu’elles ne semblent pas excessives, compte tenu de la politique du département de la Défense ».

Plusieurs détenus ont affirmé aux agents du FBI n’avoir aucun lien avec le terrorisme et qu’ils n’avaient aucune idée de la raison pour laquelle ils avaient été enlevés et emmenés à Guantanamo. Beaucoup d’entre eux n’ont pas été capturés lors de combats en Afghanistan, mais en Bosnie, en Indonésie, en Thaïlande, en Mauritanie et au Pakistan.

L’Administration Bush affirme que ces détenus sont des « combattants ennemis » dans la guerre globale contre le terrorisme – une guerre menée dans le monde entier et qui pourrait durer des décennies. Le commandant de la base, le contre-amiral Harry B. Harris, a récemment défendu les mauvais traitements infligés aux prisonniers en affirmant qu’ils « sont tous des terroristes, ils sont tous des combattants ennemis ».

Mais ce ne serait pas la première fois que la CIA se trompe. Par exemple, Murat Kurnaz, un Turc né en Allemagne, a passé quatre ans à Guantanamo avant d’être relâché en août dernier. Le cas de Khaled al-Masri, un Allemand d’origine libanaise, semble être une autre de ces erreurs. Enlevé par la CIA en Macédoine, il a été ensuite transféré en Afghanistan et interrogé pendant cinq mois avant d’être libéré sans être inculpé. Un tribunal allemand vient de délivrer des mandats d’arrêt à l’encontre des responsables de son enlèvement.

Si droits humains il y a, le droit de ne pas être enfermé pour une durée indéterminée sans procès en fait sûrement partie. La Déclaration des droits de la Constitution américaine insiste sur ce point, spécifiant notamment dans le 6e amendement que dans toutes poursuites criminelles, « l’accusé aura le droit d’être jugé promptement et publiquement par un jury impartial » et « d’être instruit de la nature et de la cause de l’accusation, et d’être confronté avec les témoins à charge ». Aucun des détenus de Guantanamo n’a bénéficié de ces droits. Il n’a ainsi jamais été prouvé, selon les normes définies par la Constitution américaine, qu’ils soient réellement des terroristes.

L’argument est que le 6e amendement ne s’applique pas à ces prisonniers, parce qu’ils ne sont pas citoyens américains et qu’ils sont détenus dans un camp-prison qui n’est techniquement pas sur le territoire des États-Unis, même s’il est entièrement sous le contrôle du gouvernement américain.

Mais quoi qu’en disent les tribunaux américains, enlever des gens aux quatre coins du monde, les enfermer pendant des années sans avoir en aucune manière prouvé leur culpabilité et leur infliger un traitement cruel et abusif est une violation flagrante du droit international. Quelle que soit la justice à laquelle on se réfère, c’est tout simplement inacceptable.

Tom Paine, le grand révolutionnaire américain et auteur de The Rights of Man (Les droits de l’homme), écrivait : « Celui qui veut préserver sa liberté doit veiller à protéger même son ennemi de l’oppression ; car s’il viole ce devoir, il établit un précédent qui ne manquera pas de l’atteindre à son tour. » Si les États-Unis suivaient ce conseil, ils pourraient être un flambeau d’espoir et un exemple lumineux. Mais tant qu’ils continuent à retenir et à maltraiter des prisonniers sans procès équitable, les idéaux déclarés des États-Unis paraîtront au reste du monde comme l’expression de la pire hypocrisie.

notes

Peter Singer est professeur de bioéthique à l’université de Princeton et professeur lauréat de l’université de Melbourne. Il est l’auteur de plusieurs livres, dont One World et The President of Good and Evil : The Ethics of George W. Bush.

© Project Syndicate, 2007. Traduit de l’anglais par Julia Gallin.
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