Je retrouvai mon roi sur sa barque, confortablement installé, prêt presque à en découdre avec lui de la situation dissonante dans laquelle nous nous trouvions. Je me juchais sur l’embarcation (Ygrène, comme la mère du roi Arthur donc) et nous nous éloignâmes du bord. J’avais déjà donné l’ordre de relâcher nos prisonniers (ou nos hôtes, ou nos otages).
En réalité ils étaient deux frères jumeaux, un pour le jour, un pour la nuit. Un comme Mitra, l’autre comma Varuna, le dieu spécieux des nuits et de l’inquiétude, et c’était celui-là évidemment avec lequel je m’entendais le mieux. Tous deux architectes (une dynastie italo-monégasque, d’après ce que je commençais à comprendre), ils avaient construit leur BAD ici et ailleurs, dans d’autres recoins proches de la selva valdivienne. En réalité ils disposaient d’un réseau de relations serrées (dont son ancienne compagne), et sa fille absentée était partie comme enlevée par un Pluton forestier, dissimulé près des plus hauts alerces – conifères – de la grande forêt. Je repensais aussi à cette mythologie slave et à son Kochtcheï qui devait accomplir de sentimentales prédations dans des contrées moins froides. Et je me demandais ce qui pourrait guetter à l’avenir notre jeune et féminine compagnie.
La mansion avait été attaquée, et plusieurs fois bien sûr. Mais sa double profondeur avait trompé les assaillants qui avaient été aisément circonvenus, à coups d’asphyxie une fois, d’empoisonnement une autre fois. Ils avaient lâché le lot sans trop se faire prier. Dans la caverne on pouvait tout contrôler. C’était bien là que Ravarino I se ressourçait et préparait ses contre-attaques. La gémellité aidait dans ces cas, et je me rappelais qu’elle était souvent utilisée dans l’intelligence. Je commençais à me demander qui pouvait contrôler cette forêt. Il me répondit (car il lisait dans mes pensées) qu’il ne fallait pas penser à un « qui », mais à un « comment », ce qui était déjà un moyen de m’indiquer que le contrôle forestier était – totalement ou partiellement – cybernétique, ce qui confirmait l’impression d’une des filles, que notre épopée – ou notre longue marche avait été arrangée ou encadrée.
La soirée était belle, le poisson mordait. Cela me distrayait et me fit penser à la nourriture (qui ne nous avait jamais manqué, sinon j’en eusse parlé dans ces chroniques) : comment faisait-il ici, sans terre et sans culture ? La Patagonie était de toute manière une terre pauvre en gibier, et il fallait qu’elle demeure pauvre en hommes. Il y avait bien les troupeaux, mais ils avaient été dispersés, trop difficiles à conserver et à garder (j’en savais quelque chose). Il fallait tempérer aussi son appétit, et donc relire Sénèque. J’étais parfaitement en accord avec cette vue ascétique-épicurienne. Comment tout cela avait pu se régler plus au nord du subcontinent et dans le reste du monde, c’est ce que nous savions mal finalement. Les études-catastrophe (elles abondaient) disaient qu’en cas de panne d’électricité, la vraie panne, la grande panne liée à la guerre, 90% de la population de l’humanité disparaitrait en moins de trois ans. Je regardai Patricio dans les yeux comme si j’avais regardé les eaux claires et profondes du lac.
En réalité qu’en était-il ? Qu’en savait-il ? Que savait-il que ces rumeurs qu’on nous distribuait ici et là ? Quelles forces technologiques dans un fort retranchées après un désastre avaient pu reconstituer remettre en état des satellites ? Pourrait-on recréer cette civilisation, son réseau, ses marchés, sa routine de guerre et de vulgarité ? C’est là qu’il m’apprit qu’il y avait une seconde guerre, la première n’ayant apparemment pas suffi à apaiser toutes les passions. Cela me laissa songeur et me rappela ces vers célèbres, que j’aurais voulu partager avec Nicholas :
« Je ne me sens coupable d’aucun crime. Je n’ai voulu qu’empêcher la guerre. Je ne recommencerai pas. Ils pourront la prochaine fois comme ils sont en train de s’y préparer, s’assassiner jusqu’au dernier homme. Je les assure d’avance de mon parfait silence. »
La guerre avait éliminé les plus faibles et préservé les plus fous, exterminé les civils et préservé les plus dangereux de leurs tueurs. Certains ajouta-t-il s’approchaient de Chiloé et des fjords chiliens en sous-marin nucléaire, rêvant de s’y établir ou d’y déclencher extatiques un tsunami pour en vider les bords. Tout démontrait que rien ne pourrait apaiser les rages constructrices des militaires dépenaillés qui avaient conduit à la guerre en Occident comme en Russie. On pouvait aussi envisager des épidémies et des virus qui laisseraient promptement sur le carreau les rares rescapés dont on ne voulait plus. Mais l’invasion de mon hacienda –et d’autres dont il me parla – me montrait, ajouta mon roi, qu’on ne s’arrêterait pas en si bon chemin. Il se préparait à régner sur des courants d’eau, ajouta-t-il en souriant. Nous revînmes à terre. Je tombai sur Nicholas et nous négociâmes un tournant cognitif prompt et intense.
« Et les Français sont bien contents, parfaitement d’accord, enthousiastes. Une telle connerie dépasse l’homme. Une hébétude si fantastique démasque un instinct de mort, une pesanteur au charnier, une perversion mutilante que rien ne saurait expliquer sinon que les temps sont venus, que le Diable nous appréhende, que le Destin s’accomplit. »
Si la situation était lugubre, il ne fallait pas que je le sois moi. Je m’excusai auprès de nos otages momentanés, et m’entretiens auprès des troupes. Qui voulait rester pour apprendre (électronique, culture livresque, montagne, parois), qui voulait voir le lac Kruger pour le considérer comme repli supplémentaire (comme cet animal souterrain qui ne cesse jamais de scruter, se creuser, de forer pour s’assurer un garde-manger ou une cachette supplémentaire). Frantz lui se proposait d’escalader le Cerro El Dedal. Ravarino lui demanda de le consulter. De la part d’un tel troglodyte… Quant à moi j’arpenterai en romantique imprudent les dernières mansions que notre ami nous situa sur une carte. Et je le ferais avec Nicholas, Tatiana et mon inséparable Tina. Les deux mansions étaient plus éloignées de la rive ; il n’avait plus eu de nouvelles depuis quelques semaines déjà (il n’en semblait pas préoccupé, il n’était jamais préoccupé).
Nous partîmes enfin détendus. Etre coincé entre la roche et cette eau ne nous avait guère convenus. Assez vite nous nous retrouvions dans notre élément forestier, dans cette materia prima, dans cette hulè enchanteresse, bois des bois et forêt des forêts. Jamais je ne me sentais perturbé dans la forêt patagonne, jamais je ne l’avais sentie vile ou sale, jamais je ne l’avais sentie menaçante. Cela renforçait nos forces et nous mettait d’une humeur à la fois belliqueuse et vengeresse – qui n’allait pas tarder à nous être de quelque utilité. Tina et Tatiana étaient en pleine forme, s’exerçant à l’arc et à la cueillette. Nicholas aussi semblait revivre dans cette forêt où jadis il aurait dû mourir. Nous essayions d’oublier notre récente expérience, prompts à juste vivre et lutter, en âmes forestières, et pénétrés de son intimité initiatrice. Nicholas expliquait ou réexpliquait la forêt aux jeunes filles.
Nos personnages sont figures dans la forêt de Morois, sur un tapis de hautes herbes et de fleurs, et fixent tous deux leurs regards sur la mystérieuse pierre évidée qui les sépare.
Le mythe de Tristan de Leonois est une réplique de celui de Thésée. Tristan combat et tue le Morhout, Thésée le Minotaure.
On s’assit, on dormit et l’expérience de bois fut supérieure, tout un tapis, de sons, de mousses et de lichens vêtus, chaque insecte venant, musicien et bûcheron sacré ; un pur esprit s’accroissant sous l’écorce des pierres. C’était Tristan et Iseult en double, et mourant de sommeil. Au-dessus des frondaisons, un soleil luisant et absent.
Etrange forêt, en vérité, que celle de Mort-Roi, et combien nous serions portés à l’assimiler au fabuleux et mirifique Jardin des Hespérides !
Au réveil, comme il était midi, nous mangeâmes. Les provisions du château du roi-pêcheur n’avaient guère plu aux gazelles, habituées à déjeuner et goûter léger aux arandanas des bois, aux eaux de sources et à l’amancay. C’était les restes de stocks d’une vieille civilisation me dit Tina, d’un air savant et dégoûté. Molle, calafate, Yaoyin, chupasangre, ajoutèrent les belettes qui chantaient. Car toute cette denrée comestible était guérisseuse qui plus est. Potions et dosages, de quoi faire des vers.
Nous tombâmes grâce à Nicholas sur un alerce encore plus géant que l’autre, un de ces arbres aussi anciens que notre dynastie royale mérovingienne, celle qui justement mène au mont Meru. C’était cet arbre… entier de 3600 années éthéré.
C’est là une image de l’arbre solaire que signale le Cosmopolite dans son allégorie de la forêt verte, qu’il nous dit appartenir à la nymphe Vénus. A propos de cet arbre métallique, l’auteur, relatant la façon dont le vieillard Saturne travaille en présence du souffleur égaré, dit qu’il prit du fruit de l’arbre solaire, le mit dans dix parties d’une certaine, — fort rare et difficile à se procurer, — et en effectua facilement la dissolution.
La forêt sacrée celle dont parle l’autre, et justement. Nous fîmes la ronde autour de l’arbre, à quatre réellement nous étions un peu courts. C’est lui le roi, dit Tatiana, que toute cette humanité avait fini par consumer. Elle n’était prospère dans ma terre, et heureuse, que tant qu’elle a été la fille de la terre ; depuis ce culte humain rendu à lui avait détruit et la terre et le monde, et les peuples juste bons à être outrés.
Mais tout cela ne devait pas nous dévier. Nous devions chercher la fille de Don Patricio, une nommée Céline, qui avait fait des siennes sa jeunesse durant, et qui échappait tout le temps à la double autorité paternelle. Elle circulait comme nous dans les bois, encore plus solitaire que moi. Patricio me disait qu’elle aimait gagner le Chili et Chiloé. Et c’est ce qui l’inquiétait. Sinon elle serait allée voir ses amies, une fée des bois avec sa sœur et sa fille, anciennes doctoresse, et qui vivaient dans une maison pleine de ressources et prodigieuses, au cœur du bosque humedo. Je sentis les réticences des filles à se rapprocher de ces sphères initiatiques et controversées. Une belle doctoresse se mue cite en sorcière, passée la fin de l’histoire (ou un certain âge, mais c’est toujours un certain âge que l’on passe). La dame se nommait Ygrène aussi, comme la barque du pêcheur. Sa fille – une beauté me promettait le roi – était Enid, et sa sœur (ou présumée telle) répandait au nom troublant de Médée (je sus plus tard que c’était une Betty aux origines teutoniques de plus). Et Nicholas envoûté récitait, chargeant chaque léger pas dans cette forêt d’une phrase aux rimes fortes :
… je vous dirai qu’il s’y trouve une reine, dame très noble, distinguée et sage, et d’un très haut lignage. Cette reine est venue, avec tout son trésor, en argent et en or, résider dans ce pays, et elle a fait faire un manoir fortifié comme vous pouvez le voir ici ; elle amena avec elle une dame qu’elle aime assez pour l’appeler aussi reine, c’est sa fille ; et celle-ci y a elle-même une fille qui ne dépare ni ne déshonore son lignage, car je ne pense pas qu’il y ait sous le ciel une personne plus belle ni mieux élevée’.
Le soir nous y étions. Il avait fallu un jour et demi pour gagner ce haut lieu. La maison nous sonna brusquement : une réplique de quelque modèle ancien de Frank Lloyd Wright. Falling Water, s’écria Nicholas qui s’en rappelait soudain. Il y a avait des chiens, mais ils nous laissèrent aller, se bornant à nous accompagner benoitement. La maison était parfois visible, parfois moins, comme si on avait su jouer du rideau de frondaisons, pour des raisons aussi bien esthétiques que sécuritaires (à supposer une nouvelle fois que ce mot eût un sens ici-haut).
Elles étaient là toutes les trois, sur un balcon de bois doré, plus belles l’une que l’autre. On reconnaissait la reine, sa seconde et sa princesse, située à ses côtés, toutes les trois merveilleusement vêtues. Nous nous en approchions, et nous étions presque prêts à nous agenouiller pour présenter nos hommages. Elles semblaient gaies d’accueillir des voyageurs aussi élégants et forestiers (nous avions été galonnés par Tiziana qui était malheureusement demeurée au château) ? Nous entrâmes finalement après les présentations d’usage (d’où nous venions, où nous allions, qui nous cherchions – et qui n’était pas là).
Et la grande salle est très bien protégée, grâce à un art magique que vous allez tout de suite connaître, s’il vous plaît que je vous en parle. Un savant en astrologie, que la reine a amené avec elle, a installé dans ce grand palais, là-bas, d’étranges merveilles dépassant tout ce que vous avez pu entendre, car aucun chevalier qui y entre n’y peut rester, fût-ce un court moment, vivant et sauf s’il est plein de couardise ou s’il est atteint par quelque vice, mensonge ou avarice.
Nous savions qu’Ygrène fêtait son anniversaire. Nous nous assîmes et fîmes des présents venus de la forêt, du roi et de Tiziana, qui avait tissé quelques bufandas pour les royales hôtesses. Tatiana et Tina se tinrent royalement et la petite Enid se proposa de les emmener jouer avec elle, de leur montrer quelque collection de vêtements. Elles se retirèrent froidement, nous voyant proches des royales hôtesses, comme si nous allions commettre quelque bévue.
L’une était veuve – le mari tué à Valparaiso au début de la guerre -, l’autre célibataire malgré elle, le mari ayant disparu vers Buenos Aires, cité qui semblait plus loin d’ici que Londres ou Moscou (mais n’en a-t-il pas toujours été ainsi ?). Une rigoureuse éducation et un réseau de relations serrées les avaient rendues capables de tenir leur haut lieu et de résister aux incartades du temps. La magie de ce lien serein et couronné, sorti du chevalier au lion, semblait les préserver aussi. Mais elles étaient médecin et dentiste, et pouvaient donc nous ausculter, une fois ces généralités entendues (l’importance de la santé et de leur service avait fait leur fortune, à quoi elles devaient tous ces dons et cette protection bienveillante de tous). Je voyais ces femmes si belles et si serviables et si perdues et assurées à la fois, et je me mis à pleurer. Et je vis Nicholas aussi pleurer, et nous nous excusions et désolées elles ne savaient que dire. Toutes ces épreuves et cette fragilité et cette beauté perdues comme les larmes dans la pluie. Ô ce monde, qu’il soit vide ou plein d’êtres, comme tu nous fatigues… Nous pleurions en les voyant et en les pensant.
Un peu plus tard heureusement nous revîmes les gazelles Tina et Tatiana transformées par la pluie d’idées et de broderies de la jeune Enid. Elles étaient royales à leur tour, tant la science du vêtement, oubliée sous nos latitudes, avait retenu l’attention des plus grands, astronomes compris.
C’est Macrobe qui m’a appris à décrire la façon et le dessin de l’étoffe, comme ils le sont dans ce livre. Quatre fées avaient créé cette étoffe avec grand art et grande maîtrise. La première y avait tracé le portrait de Géométrie’ et illustré comment celle-ci observe et mesure l’étendue du ciel et de la terre en sorte que rien ne lui échappe : le bas, le haut, puis la largeur, puis la longueur.
La deuxième fée avait mis sa peine à représenter Arithmétique en s’efforçant de bien montrer comment, avec sagesse, elle dénombre les jours et les heures du temps, comment elle mesure l’eau de la mer goutte à goutte, et comment elle compte les grains de sable et puis les étoiles une à une…
Des milliers de nuits sidérantes, des centaines d’arbres millénaires, les eaux les plus turquoises du monde et la pureté du miel avaient créé ces êtres. Et nous étions avec elles. Nous recensions la science sacrée :
La troisième fée avait représenté Musique en qui s’accordent tous les plaisirs du chant et du déchant, et, sans discorde, ceux de la harpe, de la rote et de la vielle. Cette œuvre était bonne et belle, car elle illustrait tous les instruments et tous les plaisirs. La quatrième fée avait réussi une très bonne œuvre, car elle y avait reproduit le meilleur des arts. Elle avait entrepris de représenter Astronomie qui fait de si grandes merveilles en consultant les étoiles, la lune et le soleil.
La reine avait un peu de vin. Elle nous en fit profiter, mais nous nous méfions de notre mésaventure au bord du lac. Elle savait qu’il y avait deux frères et regretta leur tendance farcesque qui venait du fabliau (je la cite) et de leurs origines méditerranéennes. Ma foi…
Elles nous regardaient mais nos mois de chasteté guerrière avaient éteint en nous toutes les fadaises liées aux amours et à sa conquête. Nous étions en revanche parfaitement prêts à les secourir et à les conseiller, pour reprendre le terme du maître de la courtoisie. Nous ne finirions pas ce soir comme les compagnons d’Ulysse. Et alors que la reine m’avait tendu sa main avec douceur pour me montrer un bracelet aux motifs celtiques, je la lui rendis avec douceur, non sans l’avoir baisée. Puis nous nous retirâmes dans nos appartements. En réalité je préférais dormir dans la même chambre que Nicholas, dont la volonté avait été plus ébranlée que la mienne.
Puis une dame, à sa haute fenêtre,
Blonde aux yeux noirs, en ses habits anciens,
Que, dans une autre existence peut−être,
J’ai déjà vue… et dont je me souviens !
– La bataille des Champs Patagoniques (12 – Fin) (lien)
– La bataille des Champs Patagoniques (11) (lien)
– La bataille des Champs Patagoniques (10) (lien)
– La bataille des Champs Patagoniques (9) (lien)
– La bataille des Champs Patagoniques (8) (lien)
– La bataille des Champs Patagoniques (7) (lien)
– La bataille des Champs Patagoniques (6) (lien)
– La Bataille des Champs Patagoniques (5) (lien)
– La Bataille des Champs Patagoniques (4) (lien)
– La Bataille des Champs Patagoniques (3) (lien)
– La Bataille des Champs Patagoniques (2) (lien)
– La Bataille des Champs Patagoniques (1) (lien)
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