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Littérature et Conspiration

Rencontre avec Nicolas Bonnal :

Breizh-info.com : Pouvez-vous nous présenter ce livre ?

Nicolas Bonnal : Je publie depuis longtemps des chroniques sur ce thème. Le livre en reprend et les synthétise. Il sert à montrer que la théorie de la conspiration n’est pas l’apanage d’idiots et de paranos, mais de grands esprits et de grands auteurs qui au cours des siècles ont développé la théorie de la constatation : il y a des élites, des castes plutôt, de prêteurs et de traiteurs des informations qui nous exploitent et qui nous guident mal.

Breizh-info.com : C’est une conspiration des hommes, mais vous parlez aussi de la conspiration des choses.

Nicolas Bonnal : Oui, la victoire industrielle sur l’espace et le temps, la communication. Chateaubriand et Dostoïevski remarquent qu’elles nous perturbent et nous détruisent. Internet aussi nous nuit tout en nous servant. Il rend les Etats plus dangereux et le public paranoïaque. J’ai réédité mon classique sur ce sujet traduit en plusieurs langues.

Breizh-info.com : Vous accusez le public aussi bien que les acteurs de cette conspiration !

Nicolas Bonnal : Oui, car j’explique aussi grâce à La Boétie que la pratique (et non la théorie) de la conspiration fonctionne comme dans l’antiquité parce que nous sommes des lâches et des paresseux ! Je comprends que l’on utilise Google ou Amazon, pas qu’on se laisse coincer sur Facebook. Orwell est battu sur son terrain par la bêtise humaine qui aime se montrer et se dénoncer. C’est au sens strict une obscénité. La Boétie parle déjà de ces milliers d’yeux que nous donnons au tyran pour l’assister !

Breizh-info.com : Comment choisissez-vous vos auteurs ?

Nicolas Bonnal : C’est le hasard des lectures. Tout a commencé avec Chateaubriand que j’ai lu il y a trente ans ou presque, quand il écrit à la Fin des mémoires que la chimère actuelle est d’arriver à une humanité unifiée. Lui a compris la combine le premier. Les Lumières voulaient cette unité, reprogrammer l’humanité, mais lui n’en voulait pas. Car elle donne les horreurs de la Révolution et cette pensée inique si bien décrite par Cochin. Après il y des romanciers populaires comme John Buchan (les trente-neuf marches), Jack London ou Gustave Le Rouge (la conspiration des milliardaires) qui comprennent le danger que fait courir le capitalisme humanitaire à notre monde. Il y a bien sur Chesterton aussi et son nommé jeudi. Chesterton montre également comment la police va noyauter bien des noyaux de résistance. C’est comme ces hackers russes derrière qui les agents du web libre découvrent la CIA.

Breizh-info.com : A vous lire on voit que beaucoup de grands auteurs y croient à cette conspiration.

Nicolas Bonnal : Oui, deux génies de la littérature universelle comme Dostoïevski et Céline y croient dur comme fer. J’explique comment Dostoïevski affronte génialement le thème du réseau ou du relativisme, comment Céline lutte contre la pub et Bernays. Je publie sur ces deux grands génies aussi d’ailleurs. Je cite Hermann Hesse et son incompris Loup des steppes.

Le pire est que les élites ne sont pas méchantes ou ne se voient pas comme méchantes.

Chesterton explique qu’elles se veulent modernistes et avant-gardistes, Jack London qu’elles éduquent leurs enfants dans un sens humanitaire pour améliorer l’humanité. La tyrannie à base des bonnes idées c’est la base de la Terreur.

Dumas aussi, avec ses trois mousquetaires, entre dans votre étude.

Dumas a tout vu sur la liquidation aristocratique et sur la transformation de la France en terre bourgeoise branchée et contrôlée sous le règne de Louis XIV. Je cite des extraits incroyables. Stendhal aussi dénonce la modernité bourgeoise-américaine dans Lucien Leuwen.

Breizh-info.com : Est-ce que tout cela finira bien ?

Nicolas Bonnal : Non… Pour notre bien on va nous détruire. Jésus voulait récupérer sa brebis perdue, les élites postmodernes veulent buter le troupeau par peur de telle vache folle.

Breizh-info.com : Qu’est-ce vous a plu dans ce travail ?

Nicolas Bonnal : De voir que les grands génies de la gauche tendaient la main sur ce chapitre à ceux de la droite. Il y a donc ceux qui aiment la liberté, et il y a les autres.

Source

Littérature et Conspiration, Nicolas Bonnal, 2017, Éditions Dualpha, 252pp, 29€

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