Je suis partout chez moi… L’Europe est ma patrie
Et les cent vingt drapeaux de toutes ses provinces
Décorent un royaume dont je serais un prince
Et m’escortent, serein, vers les dieux que je prie…
En quittant le Parnasse et marchant vers la plaine
Emportant avec moi l’oracle d’Apollon
Quand le Soleil est d’ambre et mes souliers de plomb
Dans le cœur j’ai l’Olympe et je suis un Hellène.
Sur les plages du Nord, dans les orgues du vent
Au « Zangfest » à Anvers, pèlerin à Dixmude
Chantant le plat pays, la Mathilde un peu rude
Je suis frère du grand Jacques, et j’ai le sang flamand.
Visiteur ébloui au milieu du Forum
Mon cœur battant au pas des glorieuses légions
Face aux dieux mutilés, l’ancienne religion
Me fait fils de la Louve et citoyen de Rome.
Dans la forêt profonde ou sur les bords du Rhin
À Hambourg, à Berlin, à Bayreuth, à Munich
L’âme transportée d’épopée, de musique
Tel Siegfried je porte l’armure d’un Germain.
Quand le « Duende » m’embrase et que la feria chante
Quand les toros sont noirs sur le sable sang et or
Et quand la mort s’enroule au corps du matador
Je me sens hidalgo et l’Ibérie me hante.
Revenu au pays où dorment mes aïeux
En vieille terre de France, belle et douce à mes yeux
En retrouvant mon ciel, mes vignes et mon toit
Païen fier, résolu, je redeviens… Gaulois !