Un amendement sur les réductions d’impôts pour les boursicoteurs malheureux, il fallait oser. Philippe Marini, élu de la Nation ou de ce qu’il en reste, en a apporté la preuve par un projet d’amendement qui a défrayé la chronique ces jours-ci et non pas un 1er avril comme il aurait dû.
Ces vrais que les boursicoteurs – appelés également agioteurs ou affairistes, au choix – font incontestablement parti d’une minorité bien spécifique, en premier lieu par l’argent dont ils disposent, mais surtout par la volonté affichée de faire fructifier celui-ci sans effort aucun.
Ce qui les expose, néanmoins, comme ces derniers mois, à certaines déconvenues. Leur part de risque de tout perdre est alors équivalente à celle de trop gagner. Il en va de même d’ailleurs dans la compétition sportive où les vaincus sont même toujours plus nombreux que les vainqueurs. Une inégalité de sort fort peu citoyenne, on en conviendra.
Mais de là à ce que cette minorité mérite d’être protégée comme le premier bébé phoque venu, la citoyenne ou citoyen a sexualité facétieuse ou l’immigré insatiable d’assistanats divers et repentants… il y avait tout de même un pas que le sénateur Philippe Marini n’a pas hésité à franchir.
Pour les boursicoteurs, obsédés des profits, lapant avec frénésie la sueur d’un argent d’autant plus fascinant qu’il est virtuel, d’autant plus douteux qu’il n’a généré aucun travail, aucun talent particulier, l’important n’est jamais de participer, mais d’amasser sans cesse plus avec jamais le moindre effort. Et, pourquoi pas pour monsieur Marini, avec toujours moins de risque, voir sans risque aucun.
Sauf pour le contribuable qui se serait retrouvé contraint de payer les pots cassés.
Quoique la menace n’est peut-être pas définitivement éloignée. Le nouveau ministre chargé de la Relance Patrick Devedjian s’est certes montré sceptique sur un tel amendement : « Je ne suis pas sûr que ce soit une idée formidable », a-t-il déclaré sur RTL.
En effet, « formidable » n’est pas le mot vraiment approprié, mais le plus inquiétant est qu’il ait ajouté : « … que ce soit en tous les cas la priorité (…) Combien ça coûte déjà ? Il faudrait le savoir. »
Sachons donc, pour notre part, que si un sénateur UMP, ça ose tout, comme aurait dit Michel Audiard, un ministre UMP, ça ne s’arrête qu’à des priorités ! Ce n’est certes guère plus rassurant.