Formant un chœur inhabituel, huit organisations patronales lancent dimanche 29 juin un « cri d'alarme » à l'exécutif, appelant à la mise en œuvre rapide des aides promises aux entreprises face à un mécontentement politique et social persistant.
« Monsieur le président de la République, monsieur le premier ministre, notre appel solennel est avant tout un cri d'alarme de citoyens français inquiets pour l'avenir de leur pays », écrivent dans le Journal du dimanche les dirigeants du Medef, de la CGPME, de l'UPA (artisanat), de la FNSEA (agriculteurs), de l'UNAPL (professions libérales), de l'AFEP (grandes entreprises), de Croissance + (entreprises à forte croissance) et d'ASMEP-ETI (entreprises de taille intermédiaire), pour une fois au diapason.

Après des « discours qui ont redonné espoir aux entrepreneurs », « nous constatons que les actes ne suivent pas les discours », disent-ils (lire l'intégralité de l'appel en fin d'article), réclamant « trois actes concrets ».
« Inclure de manière explicite et rapidement » dans la loi les promesses du pacte de responsabilité sur une baisse des charges et de la fiscalité. Les organisations patronales demandent au passage de « retravailler » les textes sur la pénibilité et « ajuster » les dispositions sur le temps de travail (dont la durée minimale doit passer à vingt-quatre heures par semaine le 1er juillet), deux réformes qui cristallisent depuis quelque temps le mécontentement des dirigeants d'entreprises ;
Un « moratoire » sur tout texte susceptible de durcir la règlementation ou d'augmenter les contrôles.
Des « réformes structurelles » sans « tabous » ni « dogmes » pour baisser la dépense publique.
INITIÉE PAR LES MAUVAIS CHIFFRES DE CETTE SEMAINE
Côté patronal, on dit que les mauvais chiffres du chômage et les prévisions de croissance très molle de l'Insee ont déclenché jeudi cette initiative. Le nombre de chômeurs sans aucune activité en France a atteint en mai un nouveau record de 3,388 millions de personnes. De surcroît, l'Insee a jugé que la croissance ne connaîtrait pas cette année l'accélération espérée par le gouvernement, pour n'atteindre qu'un faible rythme de 0,7 % cette année contre 1% officiellement prévu.
La mauvaise humeur de certains députés PS a également attisé la nervosité patronale. Ces « frondeurs » ont déposé de nombreux amendements sur les textes budgétaires en cours de discussion à l'Assemblée, qui doivent entériner le pacte de responsabilité ainsi que les 50 milliards d'économies annoncés par l'exécutif.
TENSIONS AVANT LA CONFÉRENCE SOCIALE
Le pacte de responsabilité, annoncé en début d'année par François Hollande, consiste à lier les aides aux entreprises à des contreparties sociales, qui doivent être négociées entre patronat et syndicat. Or ces discussions durent et les tensions à propos de la conférence sociale des 7 et 8 juillet illustrent la mauvaise ambiance entre organisations patronales et syndicales, en ce début d'été agité sur le plan social (grève à la SNCF, des contrôleurs aériens, mobilisation des intermittents). La CGPME a dit « s'interroger sérieusement sur l'intérêt pour les organisations patronales représentatives de participer ». Le Medef a choisi Twitter, demandant : « Y a-t-il un quelconque intérêt à participer à la conférence sociale ? C'est une vraie question... »
Du côté des syndicats, le numéro un de la CFDT, Laurent Berger, a estimé vendredi qu'il faudrait « mettre fin au pacte de responsabilité » si le patronat décidait de boycotter ce rendez-vous. FO et la CGT ont décidé de prendre part au rendez-vous, non sans exprimer leur grande méfiance face aux intentions patronales.
Le ton n'est pas beaucoup plus aimable entre le gouvernement et le patronat, deux ministres ayant reproché récemment au Medef de « geindre » trop souvent. Instaurée par M. Hollande, la conférence sociale réunit chaque année tous les acteurs du dialogue social autour du gouvernement pour établir la feuille de route de l'année à venir. Celle de juillet 2014 sera la troisième du quinquennat.