La réponse de l’administration qatarie aux diktats de Riyad n’aura pas tardé. Loin de se coucher face aux fantasques Séoudiens, Doha a répondu, à trois des treize points de l’ultimatum qui lui ont été adressés par l’Arabie Séoudite, les Émirats Arabes Unis, Bahreïn & l’Égypte. Une réponse pas encore rendue publique, mais dont copie a été (officieusement mais fort opportunément) communiquée à Al-Mayadeen TV.
Que répond l’administration de Cheikh Tamim Ben-Hamad al-Thani a l’administration Salmān qui a tenté de la mettre au pied du mur ?
Les Qataris, assez intelligemment il faut le dire, ne rejettent pas a priori les oukases du couple roi Salmān Ibn-ʻAbd al-ʻAzīz Āl-Séʻūd/ Mohamed MBS Ibn-Salmān Āl-Séʻūd. Tout au contraire, ils affirment être prêts à donner quitus à certaines requêtes mais, surtout, en soulignent les contradictions internes, mettant ainsi la dyarchie1 de facto de Riyad, et par elle le CCG2, face à ses propres contradictions.
Que disent donc de si embarrassant les Qataris aux autres membres du Conseil ?
1- être prêt à baisser les relations diplomatiques avec l’Iran si tous les autres pays du Conseil font de même. Par cette réponse Doha vise explicitement les Émirats Arabes Unis, le Koweït, et Oman, qui ont des relations normalisées (ou presque) avec Téhéran.
2- ne voir aucun inconvénient à rompre les relations diplomatiques avec la RI d’Iran aux mêmes conditions précédentes. On imagine sans peine les chancelleries golfiques concernées s’arracher les cheveux. Elles qui ont parfois mis plus de dix ans à arriver à un modus vivendi mutuellement bénéfique avec les Iraniens.
3- être prêt à fermer la base turque à condition que les autres fassent la même chose chez eux.
Touché, coulé !
On rappellera, en effet, que l’Arabie Séoudite abrite jusqu’à sept (7) bases étasuniennes. Les Émirats Arabes Unis une (1). Sans parler d’une (1) base aérienne française : la Base aérienne 104 de l’armée de l’Air3, sise à Al-Dhafra à 30 km au sud d’Abou Dabi, à 225 km des côtes iraniennes.
Quant à Bahreïn, il héberge le commandement de la 5th US Fleet (Ve Flotte US)4.
Le problème principal du Point 3 est que c’est bien la présence massive de forces occidentales qui garantie la survie au jour le jour de nos dispendieuses pétromonarchies.
Concernant les autres accusations lancées contre eux, les Qataris en nient tout simplement leur bien fondé. Et, au stade où nous en sommes, refusent d’y répondre.
Suite au prochain épisode.
Notes
1 Forme de gouvernement où deux dirigeants règnent en position égale . Sparte, Rome, Carthage, le Grand-duché de Lituanie, l’Inde et des tribus daces ont été des dyarchies. Les gouvernements d’Andorre et de Saint-Marin sont des exemples de dyarchies contemporaines. Dans la Rome antique, on qualifie de dyarchie le système politique mis en place par Auguste, avec un partage du pouvoir entre le princeps et le Sénat. Le terme vient du grec δυος (deux), et αρχος (pouvoir).
2 Pour Conseil de coopération des États arabes du Golfe Arabique ou Conseil de coopération du Golfe Arabique (CCG), il regroupe six pétromonarchies du Golfe Persique : Arabie Séoudite, Bahreïn, Émirats arabes unis (ÉAU), Koweït, Oman et Qatar.
3 Créée le 1er septembre 2008. Il est à noter qu’elle reprend le numéro mécanographique de la BA 104 Dugny-Le Bourget, dissoute en 1985.
4 À Manama, La Ve Flotte opère sous l’autorité du US CENTCOM.
- Dr. Tweet & Mr. Trump se joue(nt) du G20 [3] - 12/07/2017
- Dr. Tweet & Mr. Trump se joue(nt) du G20 [2] - 11/07/2017
- Dr. Tweet & Mr. Trump se joue(nt) du G20 [1] - 10/07/2017
- 1 à 0, Balle au centre ! Le Qatar cloue le bec à la dyarchie séoudienne - 07/07/2017
- Krieg ist krieg ! Business is business ! Ainsi va le monde [2] - 06/07/2017